Les personnes handicapées en Algériesont-elles des objets de charité ou des sujets de droits ? C'est la problématique posée par Mme El Mameri Atika, présidente de la Fédération des associations des handicapés moteurs lors du forum d'El Moudhahid, consacré à la situation des personnes handicapées en Algérie et à leur prise en charge, sachant que, chaque année, quelque 3 000 cas similaires viennent grossir la liste de cette catégorie sociale. D'emblée, l'oratrice mettra en exergue le fait que le nombre de handicapés ne cesse de se multiplier. «Les statistiques indiquent qu'à Alger, rien que pour l'année 2007, 32 600 cartes d'handicapés ont été délivrées dont 19 000 cartes pour des handicaps à 100%. C'est dire si ce phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur», dira l'intervenante, non sans faire allusion aux divergences existant au sujet du nombre exact de personnes handicapées en Algérie (1,6 million selon l'ONS et 3 millions d'après les associations), mettant en garde que si rien de concret n'était fait en direction de cette frange de la société, l'Algérie risquerait d'occuper les premières places au niveau mondial en nombre de handicapés. La présidente de la Fédération des associations des handicapés moteurs déplorera le manque de structures spécialisées permettant la réadaptation fonctionnelle du handicapé (comment s'habiller, se prendre en charge, aller aux toilettes…) «Depuis 30 ans, le nombre d'hôpitaux permettant à l'handicapé de se prendre en charge n'a pas augmenté en dépit de l'augmentation du nombre de handicapés généré par les catastrophes naturelles, les attentats ou les accidents, particulièrement les inondations, les séismes, le terrorisme ou les accidents de la circulation», fera-t-elle remarquer. Evoquant le ministère de la Solidarité nationale, Mme El Mameri regrettera le fait que ce dernier ait fait des handicapés une chasse gardée (une population à part) au point où d'autres ministères, à l'image de ceux de la Santé, de la Jeunesse et des Sports et de l'Education) s'en sont complètement désengagés. Parlant des enfants handicapés, l'intervenante indiquera que depuis plus de dix ans, le bureau de la FAHM accueille des enfants handicapés orientés par les services de rééducation fonctionnelle situé dans la capitale. Généralement, il s'agit d'enfants atteints d'une infirmité motrice cérébrale plus ou moins grave et dont l'état de santé nécessite des soins de rééducation fonctionnelle et d'un appareillage spécifique. Pour la scolarité, elle regrettera le fait que de nombreux élèves ne sont pas autorisés à étudier en dépit du fait que la scolarité est obligatoire. En guise de propositions, la présidente de la Fédération des associations des handicapés moteurs appellera à l'organisation d'assises nationales des handicapés afin de mettre en place une politique nationale d'insertion au profit de cette frange de la société. En outre, elle mettra en évidence la nécessité de vulgariser la convention internationale relative aux handicapés et hâter sa mise en application. B. L.