L'Algérie célèbre, aujourd'hui, la Journée nationale des handicapés en marquant une halte sur les nombreuses difficultés sur lesquelles butte cette frange vulnérable. Les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS) font état de 1,8 million de personnes invalides physiquement, alors que la Fédération des associations des handicapés moteurs (FAHM), regroupant une soixantaine d'associations, avance un nombre de 3 millions de handicapés moteurs. Une situation qui tend à s'aggraver, alertent des experts, à cause de la tendance haussière des accidents de la circulation en Algérie. Le budget alloué par l'Etat à cette catégorie de la population, au titre de l'aide sociale, s'élève à 30 milliards de dinars. De son côté, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbas, a déclaré que son département a dépensé, en 2005, quelque 54 millions de dinars pour l'action sociale. Plusieurs structures spécialisées, au nombre de 134, sont implantées dans le pays pour la prise en charge, notamment, des enfants handicapés, dont 87 787 sont âgés entre 6 et 15 ans. Aussi, en vertu de la loi relative à la protection et à la promotion du handicapé adoptée en mai 2002 en réservant au moins 1% des postes d'emploi à cette catégorie, le ministre de tutelle a promis la réservation de 2 500 postes de travail permanents aux personnes handicapées à partir de janvier 2005, et 500 postes de travail dans le cadre du préemploi ainsi que 1 800 postes d'emploi dans le cadre des activités d'intérêt général. Cependant, ces actions peuvent-elles suffire pour une véritable prise en charge du handicapé, dont le seul idéal est sa réinsertion sociale et son intégration comme un citoyen à part entière ? La présidente de la FAHM, Mme Atika El Mameri, n'a pas mâché ses mots, jeudi dernier, lors d'une journée d'étude organisée à Tipaza. « Les pouvoirs publics doivent cesser d'agir seuls, sans consulter les associations qui connaissent le terrain. Pour qu'un programme réponde réellement aux besoins des personnes handicapées, il faut qu'il soit validé par les associations qui le représentent. » La présidente de la FAHM a précisé que la bonne volonté du gouvernement ne suffit pas à enrayer les problèmes des personnes handicapées moteurs si leurs besoins ne sont pas identifiés. Plus explicite, Mme El Mameri cite l'exemple de la gratuité des transports dont bénéficient les personnes invalides, alors qu'elles n'ont accès ni aux bus, ni aux trains, ni aux taxis, totalement inadaptés à leur usage. Poursuivant son réquisitoire, l'interlocutrice lance : « Qu'un enfant n'accède pas à l'école ou qu'un adulte ne trouve pas d'emploi, malgré ses qualifications professionnelles, à cause d'un handicap physique est une atteinte aux droits de l'homme. Pourtant, c'est une réalité chez nous. » Autre exemple concret : les grandes villes algériennes sont hostiles aux déplacements des personnes en chaise roulante, tandis que les trottoirs sont squattés par les commerçants à la sauvette. Pour absorber cette colère, le ministre Djamel Ould Abbas annonce la promulgation, aujourd'hui lors du Conseil du gouvernement, de trois décrets d'application de la loi relative à la protection et la promotion des personnes handicapées, adoptée par le Parlement en 2002. Ces textes concernent essentiellement l'accessibilité des lieux publics aux personnes handicapées. Il a relevé, également, que 12 projets, en préparation par son département, viseront l'ouverture d'un centre pour autistes et l'institution d'un observatoire et d'un fonds pour l'insertion et l'autonomie des personnes handicapées. Le ministre a soutenu que 200 millions de dinars sont à la disposition des associations qui proposent des projets à réaliser en partenariat avec son département.