La crainte majeure des représentants des pays en voie de développement, d'une partie des observateurs et plus particulièrement des représentants des organisations non gouvernementales de défense de l'environnement, est que non seulement le sommet de Copenhague, ce qui serait par ailleurs une certitude, n'aura pas son protocole, mais que celui de Kyoto puisse connaître des aménagements en défaveur des pays concernés par les changements climatiques. Autrement dit, la majorité de ceux constituant la Planète. Une telle éventualité est en tout état de cause entretenue et ce n'est plus l'idée même de passer à la concrétisation de la deuxième partie du protocole de Kyoto (2012-2020) qui est l'objectif majeur des pays les plus touchés par le dérèglement climatique causés par les rejets polluants des pays industrialisés mais essayer, au minimum, de sauver l'essentiel de l'accord de 1992 remis en cause selon les approches des experts, observateurs et animateurs des organisations non gouvernementales de protection de l'environnement. Alors, une rumeur massacrante a, au Danemark, envahi le Bella Center où se déroule le sommet mondial sur le climat. Cette rumeur est d'autant plus amplifiée parce qu'elle intervient d'abord le jour même, sinon quelques heures après la rencontre à Paris entre Nicolas Sarkozy et le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, et, ensuite, parce qu'elle est différemment appréciée, voire interprétée par un certain nombre de membres des délégations africaines présentes à Copenhague. Qu'ils (les membres) appartiennent aux organisations non gouvernementales de protection et/ou défense de l'environnement ou des délégations officielles lesquels en rajoutent à la suspicion en requérant l'anonymat. Ce qui, en soi, n'est pas logique en ce sens qu'il existe une obligation de réserve. L'infraction à cette obligation ne peut donc que contribuer à rendre effective la rumeur. En tout état de cause, d'aucuns n'y verraient qu'une gesticulation habituelle du chef de l'Etat français dont le but immédiat est de capitaliser par anticipation sa présence à Copenhague, couper l'herbe sous les pieds du reste des grands d'Europe comme Angela Merkel ou Gordon Brown et, pourquoi pas, en se posant comme le plus sûr défenseur de la Planète. Mme Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement, considérait d'ailleurs la veille même que «la France ne faisait pas plus que le reste des autres pays européens sur ce sujet précis», ajoutant que seulement «au niveau de l'expression, le président de la République était plutôt présent». La vision commune que devait avoir l'Afrique sur la question du climat évoquée la veille par Cherif Rahmani n'est-elle pas alors battue en brèche, serions-nous tenté de dire, sciemment par Nicolas Sarkozy avec l'aide, sans nul doute très intéressée aussi de l'Ethiopie ? La réaction des personnes rencontrées semble confirmer tout ce qui se dit, même si tout cela pourrait n'être que supputation. Or, les déclarations des experts les plus avertis, d'anciennes personnalités politiques sur l'échec annoncé de Copenhague 2009 et plus grave sur une révision du protocole de Kyoto, notamment sur le plan de la contrainte qui a, jusque-là et du moins, permis le respect des engagementscontractés par les Etats qui y ont souscrit et ratifié, ne peuvent que constituer la matérialisation même dans son état embryonnaire de volte-face des pays industrialisés mais aussi d'une allégeance presque naturelle de certains Etats africains à ces pays industrialisés. Une allégeance qui confirmerait alors la division du continent africain et la propension de quelques-uns parmi ses dirigeants à n'avoir que très peu d'intérêt pour leur peuple et leur avenir. Tout le monde est unanime à marteler qu'il ne suffit pas de donner des sous à des pays en difficulté sur tous les plans s'il n'y a pas de mesures d'accompagnement à long terme. Malheureusement, certains de leurs responsables s'en contentent, mettant non seulement en péril les populations mais surtout en devenant les protagonistes d'une division d'un continent pour lequel d'autres ont consenti tellement d'efforts pour parvenir à un minimum d'unité. A. L.