Les délégations de la Commission du développement social, qui poursuivent le débat général de la quarante-septième session de cet organe de l'ONU chargé du suivi du Programme d'action de Copenhague, ont estimé que la réussite des politiques nationales d'intégration sociale était nécessaire pour mettre fin à la pauvreté et à l'exclusion. Reprenant les observations formulées par le secrétaire général des Nations unies dans son rapport sur la question, les Etats membres ont également souligné que le renforcement de la cohésion sociale était un enjeu majeur pour empêcher la dislocation des sociétés dans un contexte international fragilisé par les conséquences de la crise économique et financière. Ils ont appelé les pays industrialisés à ne pas relâcher, dans ce contexte difficile, les efforts entrepris en faveur du développement. Le représentant de l'Afrique du Sud, qui s'exprimait au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), a ainsi déclaré que les politiques d'intégration sociale devraient concerner tous les individus, une approche inclusive étant indispensable pour surmonter l'obstacle majeur au développement de l'Afrique. Insistant sur le fait que les défis en matière de développement ne pourront être relevés sans des partenariats robustes entre les pays dans le besoin et la communauté internationale, le représentant de l'Afrique du Sud a demandé l'augmentation de l'aide publique au développement (APD), l'annulation de la dette pour permettre aux pays en développement d'investir dans le secteur social, ainsi que l'amélioration de l'accès des produits de ces pays aux marchés mondiaux. La plupart des intervenants ont plaidé pour la participation des groupes les plus vulnérables aux processus de décision. Ils ont estimé que, dans les pays en développement, une stratégie au service de la cohésion et de la justice sociales représentait le meilleur moyen de vivre durablement dans la paix. " Il faut que tous les groupes ou individus les plus vulnérables se voient offrir les mêmes chances que les autres, pour participer pleinement à l'essor économique de leur pays. Les pauvres, les femmes, les jeunes, les travailleurs migrants et autres groupes défavorisés ne doivent pas rester en marge de la société ", lit-on encore dans le compte-rendu de la commission du développement social de l'ONU. Selon la même source, ces groupes doivent être des membres productifs qui contribuent au bien-être des communautés, la tolérance et le respect mutuel étant des " valeurs essentielles " pour parvenir à l'objectif d'une société pour tous et faisant écho au principal objectif de la Déclaration du Sommet de Copenhague sur le développement social. Les délégations ont, par ailleurs, voulu attirer l'attention sur l'origine de la crise économique et financière. Elles ont fustigé " un ordre mondial injuste imposé par les pays industrialisés ", ainsi que la " mondialisation néolibérale " qui sape toute possibilité de bâtir une société plus juste, où toutes les personnes auraient les mêmes chances de réussite. En effet, les mêmes voix ont condamné " l'égoïsme, l'injustice, les ambitions hégémoniques, la consommation excessive et le gaspillage " et ont jugé que la pauvreté, qui accable 80 % de la population mondiale, ne sera éliminée que lorsque les pays riches auront abandonné leurs privilèges. La Commission a également entendu les déclarations de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) qui ont abordé les problèmes spécifiques auxquels sont confrontés les groupes défavorisés sur la voie de l'intégration sociale. Une séance a été consacrée a un échange de vues entre la Coordinatrice exécutive du Programme des Volontaires des Nations unies et des Etats membres. La discussion a porté sur le rôle du bénévolat dans la stratégie sociale et dans celles visant à lutter contre l'exclusion et la discrimination. Par ailleurs, dans le cadre du suivi du Sommet mondial pour le développement social et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale portant principalement sur le thème prioritaire de l'intégration sociale, Mme Yousria Sendid-Berrah, représentante de l'Algérie, a indiqué que depuis le Sommet mondial pour le développement de Copenhague de 1995, des efforts ont été déployés par les Etats en faveur de l'intégration des groupes sociaux les plus vulnérables. La phase actuelle de la mondialisation, a-t-elle toutefois fait remarquer, exige davantage d'actions pour que le paradigme de l'intégration sociale se concrétise. Notant que l'impact combiné des crises économique et financière, alimentaire et énergétique amplifie une situation d'exclusion déjà préoccupante, en particulier en Afrique, Mme Yousria a estimé que les efforts consentis par les pays du continent resteraient vains, si les inégalités persistent, en raison d'une mauvaise gouvernance mondiale et d'un partage inéquitable des bénéfices de la croissance. L'objectif de l'intégration sociale n'est pas de faire en sorte que les gens s'adaptent à la société, mais que la société accepte que tous ses membres se voient reconnaître les mêmes droits, a-t-il souligné. B. Chellali