«Je divulguerai les noms de toute personne qui est impliquée dans des affaires de corruption, de détournement et de dilapidation de deniers publics, quel que soit son statut ou son degré de responsabilité.» C'est l'engagement pris mercredi dernier par le premier argentier du pays, en marge de la plénière du Sénat consacrée à l'adoption du projet de loi de finances pour 2010. Il a précisé que tous les services de contrôle sous tutelle de son département, à l'image de l'Inspection générale des finances, de la cellule de traitement du renseignement financier et de l'inspection des impôts ont été instruits pour procéder à toutes les vérifications nécessaires aux fins de contrôler l'argent public. M. Karim Djoudi est conforté dans ses déclarations par les instructions du président de la République qui s'est engagé devant ses électeurs de mener une guerre sans merci à la corruption. C'est une bonne chose s'il en est. Sauf que Karim Djoudi parle au futur. Alors que les affaires de détournement de l'argent public sont monnaie courante. D'ailleurs, certaines affaires rendues publiques par la presse nationale n'ont pas encore trouvé écho. A l'image de celle de la Société des courses hippiques et du Pari mutuel algérien dont des cadres gestionnaires et centraux sont mis en cause, y compris par le commissaire aux comptes de la société, mais qui, bizarrement, n'a pas suscité l'intérêt des différentes institutions de contrôle. Sinon, on l'aurait su. D'autre part, la structure de prévention de la corruption prévue par la loi de février 2006 n'a toujours pas vu le jour, alors que les sources de corruption se multiplient, à l'exemple des marchés de gré à gré, des appels d'offres, souvent infructueux, qui se transforment soit en marchés de gré à gré, soit en appels d'offres restreints, sans que cela inquiète outre mesure les institutions de contrôle. Il n'est un secret pour personne que l'octroi de certains marchés se fait moyennant contrepartie. Ce qui permet aux bénéficiaires de blanchir un argent qu'ils ont mal acquis et qu'ils comptent utiliser dans des circuits légaux à travers notamment les travaux publics, secteur pourvoyeur de mannes financières mirobolantes. La concrétisation de l'engagement de Karim Djoudi sera donc attendue. C'est la seule manière de rendre un tant soit peu la confiance au citoyen qui ne prendrait plus les déclarations officielles pour de la démagogie et de la poudre aux yeux. F. A.