Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun Les superbes performances de l'équipe nationale de football ont provoqué une dynamique rarement connue auparavant. Un enthousiasme qui a été vécu à travers toutes les villes du pays et continue à ce jour. Au-delà des résultats et de la joie qu'offrent les Verts aux Algériens, les uns et les autres espèrent surtout que cette dynamique puisse provoquer un «renouveau» du football national. Puisque, il faut bien le redire encore, les performances de l'EN ne sont nullement le fruit du championnat algérien qui, lui, continue à évoluer dans une sorte de «médiocrité» qui tend à devenir chronique. Hormis le cas de l'Entente de Sétif, qui est arrivée en finale de la Coupe de la CAF avant de perdre le titre sur penalty face au Stade Malien, aucun autre club n'arrive à passer les stades «préliminaires» des compétitions continentales. La sélection est composée majoritairement de joueurs évoluant dans les championnats européens. Le championnat national ne fournit pas, globalement, de joueurs pour l'équipe nationale. Si l'on se penche sur la liste des convoqués pour la CAN, on voit bien que, sur les 23 joueurs, neuf jouent en Algérie, dont trois gardiens. Mais sur ces neuf joueurs, seuls deux sont toujours titularisés. Il s'agit du gardien de but, Gaouaoui ou Chaouchi, cela dépend des cas, et du milieu défensif Lemouchia, qui, d'ailleurs, a été formé en France. Pour le reste, il y a Zaoui qui pourrait être incorporé si jamais les défenseurs titulaires font défaut (blessures) ou bien le nouveau sélectionné l'attaquant Ziaya, que l'entraîneur pourra bien essayer durant la CAN (cela dépendrait de l'impression qu'il donnerait lors du stage précédant la CAN). Cela pour dire que, d'une manière générale, le championnat national n'arrive plus à fournir de joueurs «intéressants» à la sélection. Il faut rappeler que, lors de ces premiers mois à la tête de l'EN, l'entraîneur Rabah Saadane avait essayé plusieurs joueurs du championnat national en sélection, mais s'est résigné par la suite, à se passer de leurs services. Un défenseur comme Halliche, s'il n'avait pas rejoint le championnat portugais, n'aurait certainement jamais évolué. Actuellement, c'est un défenseur titulaire et indiscutable en sélection. Il est clair que le football aujourd'hui est conçu de telle sorte qu'un sélectionneur n'a pas pour vocation de «former» des joueurs. Les dates FIFA étant les seules périodes durant lesquelles un regroupement peut être organisé, un coach n'aura jamais le temps de travailler énormément avec ses joueurs. Il lui faudra, donc, des joueurs «prêts» pour former le groupe. De plus, c'est aux clubs de s'acquitter d'une telle mission et non la sélection. Les équipes algériennes animant le championnat national, hormis peut-être le cas du Paradou AC, un club pourtant nouvellement créé qui s'est attaché les services du Français Jean-Marc Guillou pour fonder une école de football, tous les autres ont «abandonné» la formation ne s'intéressant qu'aux résultats immédiats. La rareté des joueurs de bon niveau a fait que les quelques «talents» qui émergent de temps à autre sont cédés par des clubs à plusieurs centaines de millions de centimes, avec, en définitive, le même résultat. D'ailleurs, il est à signaler que, depuis plusieurs semaines, précisément avec l'approche du dernier tour des éliminatoires jumelées de la CAN et de la Coupe du monde et les résultats de l'équipe nationale, les supporters sont de moins en moins nombreux à se déplacer aux stades pour les matchs du championnat. Comme si les fans se sont rendus à l'évidence que le «spectacle» que leur fournissent leurs équipes fétiches n'en est pas un finalement et que ces mêmes équipes n'ont rien à voir avec les bons résultats de l'équipe nationale. C'est pour cela, d'ailleurs qu'aujourd'hui le débat autour de la présence des joueurs locaux en sélection n'est plus à l'ordre du jour. Personne ne pourra éventuellement défendre l'option d'incorporer plus de joueurs du championnat algérien en équipe nationale. Ce serait une sorte de «défaite préméditée». Impulser une nouvelle dynamique Donc, tout en soutenant la sélection dans ses challenges, CAN en janvier et Coupe du monde durant le mois de juin, les uns et les autres, notamment les responsables de la chose footballistique en Algérie ainsi que les patrons de ces mêmes clubs, devraient inéluctablement penser à la «réforme» du football national. Ce serait le meilleur moyen de «pérenniser» les bons résultats de l'EN. En somme, les performances de Ziani et de ses coéquipiers ne devraient pas faire oublier aux Algériens les «déboires» d'un championnat qui est, paradoxalement, forcé de se professionnaliser à la lumière des recommandations de la Fédération internationale de football (FIFA) qui a même fixé un ultimatum à cet effet. La Fédération algérienne de football (FAF) avait pris quelques décisions dont l'objectif est de faire en sorte que les clubs s'occupent davantage des jeunes catégories. Il y a donc eu en début de saison, le lancement du Championnat national des juniors, dont les matchs se jouent en ouverture des seniors. Ensuite, il y a eu cette obligation de faire jouer obligatoirement des jeunes de moins de vingt ans en seniors. Même s'il est encore trop tôt de faire un bilan, quoique la FAF fasse un premier point dans quelques jours lors du mercato, il est clair que plusieurs clubs n'ont pas respecté cette directive. Il se pourrait même, comme l'ont laissé entendre à maintes reprises les responsables de la FAF et de la Ligue nationale, que des sanctions tomberont au mercato. Le fait est que certains «grands» clubs n'ont pas pu aligner durant deux matches consécutifs deux joueurs de moins de vingt ans. Mais, même ces mesures ne sont pas suffisantes, quoique louables, pour impulser une nouvelle dynamique pour le championnat. On s'en souvient que, au début de l'année, si la FAF n'avait pas lancé une équipe des moins de 17 ans, qu'elle a constituée elle-même deux années auparavant, la direction technique nationale n'aurait, peut-être, jamais pu «monter» une sélection qui puisse participer à la CAN ayant eu lieu en Algérie, durant le mois d'avril. Une sélection qui s'était inclinée en finale et qui a participé, par la suite, à la Coupe du monde. En tout état de cause, les récentes performances de l'équipe nationale de football devraient être normalement l'occasion d'impulser cette nouvelle dynamique tant attendue, d'autant plus que les jeunes Algériens ont montré de quoi ils sont capables pour peu que les moyens soient mis à leur disposition.