De notre envoyé spécial à Copenhague A. Lemili Qu'il s'agisse de représentants français, canadiens, africains, asiatiques, le rôle de l'Algérie au cours de ce sommet est souligné à l'unanimité aussi bien dans l'action des délégations officielles, des experts que du ministre de l'Environnement. Quant aux altermondialistes et autres défenseurs pionniers de la nature, une grande partie d'entre eux a constaté la présence combien efficace des représentants algériens. Dans les couloirs du Bella Center et aux premières heures de la matinée d'hier, c'est un hommage plus marqué de Jean Ping, président en exercice de l'Union africaine, qui allait confirmer cette réalité. Il rappellera ainsi que «c'est le ministre algérien de l'Environnement qui anime l'action des pays du continent dans un cadre concerté et de la stratégie inscrite dans une vision commune partagé par l'ensemble de ces pays». Il répondra sans détour à la possible scission des rangs africains suite aux informations faisant état de la rencontre de Meles Zenawi, le Premier ministre éthiopien, avec Nicolas Sarkozy et qui a été interprétée comme une initiative isolée, en soulignant substantiellement que «tout ce qui pourrait se dire en dehors de ce qui est convenu dans un cadre commun n'a aucune valeur», confirmant dans la foulée que le Premier ministre éthiopien ne «roulerait» presque que pour lui-même ou pour un groupe de pays dont la désolidarisation avec le reste de ceux composant le continent semble malheureusement précise. Il faut souligner que le «bande à part», dans la capitale parisienne mardi dernier, de Zenawi obéit, selon ce qui se dit ici et là dans les couloirs du Bella Center de Copenhague, aux vœux des dirigeants européens de négocier à leur avantage la contrainte du respect des deux degrés pour la faire grimper au moins d'une unité et ce, même si dans le texte commun signé au cours de la rencontre, il était affirmé que la France était d'accord sur «l'objectif que l'augmentation de la température ne dépasse pas les deux degrés». Cette crainte des Français, laquelle est, en fait, symptomatique de celle de l'ensemble des pays industrialisés d'Europe, trouve au moins sa justification dans les mises en garde, il y a à peine trois mois à Addis-Abeba, du Premier ministre éthiopien de «quitter les négociations [à Copenhague] qui seront un nouveau viol de notre continent».Dans son allocution, le président de la République Abdelaziz Bouteflika a insisté sur l'engagement de l'Algérie à s'impartir des règles en matière de respect de l'environnement, de protection de la nature et du recours aux énergies renouvelables pour son développement et, par extension, de l'avenir de ses populations. A. L. Chavez, Morales… le succès d'estime Hugo Chavez et Evo Morales détiennent le monopole de la sympathie au Bella Center de Copenhague. Le silence de cathédrale qui s'est installé successivement à l'heure de leur intervention renseignait, on ne peut mieux, sur la popularité dont ils jouissent à l'unanimité auprès des participants au sommet. Il est vrai qu'il s'agit de deux personnages totalement atypiques, qui, par leur discours mais également par leur anticonformisme du protocole officiel ambiant, leur rébellion naturelle par rapport aux Etats-Unis, leur rejet épidermique de tout ce qui peut venir du pays de l'Oncle Sam déteignent énormément sur la béatitude à laquelle étaient habitués les citoyens du monde, plus particulièrement des pays industrialisés.Bien entendu, les deux Sud-Américains sont les champions en titre des altermondialistes, d'où la présence de photographes, de cameramen et de journalistes de toutes les chaînes de radio, de télévision du monde devant les nombreux écrans qui meublent le Bella Center, au moment de leur temps de parole devant le reste des dirigeants du monde, pour la simple raison que ces derniers étaient pratiquement assurés d'y immortaliser des moments intenses d'émotion. Ils en auront pour leur choix, en ce sens que non seulement les interventions de Morales d'abord et Chavez ensuite ont été bues par l'assistance mais également et surtout applaudies à chaque fois que les deux présidents taillaient des croupières aux dirigeants des pays industrialisés. Et, forcément, dans ce registre, il n'y avait aucune raison de forcer la main à Hugo Chavez.Soulignons que la veille, Nicolas Sarkozy, qui a tout fait pour se faire remarquer, a été quelque peu gêné par quelques remarques désobligeantes lancées par certains participants. Des remarques, il est vrai, formulées dans des langues qu'il était peu probable qu'elles puissent être bien interprétées par son entourage.