Les «années des vaches maigres» annoncées par le président de la République lors de sa visite dans la wilaya de Ghardaïa au lendemain des inondations qui avaient endeuillé la vallée du M'zab, en octobre 2008, sont-elles arrivées ? Les statistiques économiques révélées cette semaine par différents organes le laissent croire. Celles émises par le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) relevant des Douanes et l'Office national des statistiques (ONS) sont inquiétantes : les exportations en baisse de 45%, l'excédent de la balance commerciale passe de 36,35 mds de dollars durant les onze mois de 2008 à 4,2 mds en 2009, l'inflation a atteint 5,7%. La cause de cette «tragédie» chiffrée peut être résumée en un seul mot : la dépendance. Toute l'économie nationale est assujettie à un produit volatil et instable comme ses tarifs : les hydrocarbures. Le constat est simple à établir. Le recul des exportations de cette richesse naturelle de 45,40% a induit une chute identique des exportations. Les politiques de réforme de l'économie nationale, vendues à coups de matraquages médiatiques, ne semblent pas, pour l'heure, porter leurs fruits. Les stratégies industrielle, artisanale, touristique, agricole et autres n'ont pas dépassé le stade de simple annonce. Alors que les banques enregistrent une surliquidité de 50 milliards de DA, le secteur des PME reste bancal. Pour diverses raisons, les petites et moyennes entreprises peinent à offrir une alternative à l'économie nationale. -quand on pense que l'artisanat est la première entreprise de France !-. La production industrielle nationale peine à grignoter des parts même au niveau de son propre marché. Alors que certains produits sont de bonne qualité, le manque de savoir-faire en matière de marketing l'empêche de s'imposer. Le tourisme, promu au rang de challenger potentiel des hydrocarbures, fait grise mine. Malgré le SDAT (Schéma directeur d'aménagement touristique) et le SNAT (Schéma national d'aménagement des territoires), le seuil des deux millions de touristes n'est toujours pas atteint alors que l'Algérie ambitionne d'attirer 20 millions à l'horizon 2025. Quant à l'autosuffisance alimentaire, les récoltes importantes de pomme de terre et le record enregistré dans la culture de céréales n'ont pu dissimuler l'envolée du prix des lentilles ces dernières semaines. Au rythme où va l'inflation, cet aliment se vendra à l'unité et non plus au kilogramme. Toutefois, la loi de finances complémentaire 2009 commence à donner quelques signes encourageants. Durant le mois de novembre, la balance commerciale a enregistré un excédent de 1,08 milliard de dollars (soit une hausse de 29% par rapport au même mois de 2008) grâce à l'importante baisse des importations (près de 30%). Finalité : à défaut de produire, il faut se serrer la ceinture. S. A.