Photo : Riad Par Amirouche Yazid En prenant connaissance de la composante du groupe dans lequel va évoluer l'Algérie durant la phase finale de la CAN 2010, le sélectionneur national, Rabah Saadane, a fait cette déclaration : «Je suis satisfait par le tirage au sort. C'est un bon groupe par rapport à celui de la Côte d'Ivoire ou encore du Cameroun qui sont très difficiles. Dieu merci, je pense que nous avons de grandes chances de passer en quarts de finale. Cette compétition est une excellente occasion pour nos joueurs afin de se préparer en vue de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Nous n'aurons pas beaucoup de temps pour préparer la CAN 2010 car la plupart des championnats européens n'observeront la trêve hivernale que le 21 décembre, soit à peine deux semaines avant le début de la compétition. Les joueurs vont bénéficier d'une semaine de repos avant d'entamer les choses sérieuses au début du mois de janvier.» Le 22 décembre, le sélectionneur national avait invité les médias à une conférence de presse dans laquelle il s'était prononcé, avec des propos très mesurés, sur ce qu'il espère faire en Angola. «Nous allons évoluer lors de la CAN dans une compétition où il est impératif pour nous de jouer à fond car c'est pour nous une étape importante avant le Mondial. Notre objectif est de bien négocier nos matches pour jouer le maximum de rencontres», avant d'ajouter : «Notre objectif est de jouer match par match tout en essayant de gagner le maximum de rencontres. L'objectif principal est de stabiliser l'équipe nationale pour se qualifier aux deux prochaines éditions de la CAN et du Mondial et travailler sur le long terme.» Les termes de la dernière sortie médiatique de Saadane n'ont pas été du goût de certains «observateurs». Il est ainsi reproché au sélectionneur national son peu d'ambitions au moment où «l'Algérie présente une équipe capable de rivaliser avec les meilleures du continent». Il en existe même qui exigeront ouvertement des Verts une qualification au second tour du Mondial. Nous n'en sommes pas encore là. Et la CAN révélera justement la vraie valeur du onze algérien. C'est justement cette difficulté à saisir la valeur exacte des Verts qui a enfanté cette dualité dans la définition des chances de l'Algérie dans la phase finale de la CAN. Il est difficile de ne pas voir l'Algérie se projeter dans le dernier carré de la compétition. Il y a plus d'un facteur qui autorise cette ambition, notamment la présence de l'Algérie à la prochaine Coupe du monde. Il n'est pas facile néanmoins de promettre un objectif technique dont les conditions de réalisation dépasseraient les capacités de son équipe. Le sélectionneur national, Rabah Saadane, n'ignore pas que son groupe est capable de réussir un beau parcours en Angola. Il n'a rien à gagner cependant -la sélection avec lui- en annonçant publiquement que l'Algérie «doit atteindre» le stade des demi-finales. L'expérience aura prouvé que l'Algérie réussit ses participations quand elle y prend part dans la posture d'un trouble-fête. L'exemple le moins lointain en phase finale de la CAN est celui de la dernière participation des Verts. C'était à Tunis quand le onze algérien a pu arracher son billet de qualification au second tour dans un groupe où figuraient le Cameroun, l'Egypte et le Zimbabwe. Trouver un supporter parmi les ultras des Verts qui miserait sur une qualification de l'Algérie était une pure fabulation. Et l'Algérie a surpris les deux favoris du groupe : un partage des points contre les Lions indomptables au premier match et une éclatante victoire face aux Egyptiens. Les deux succès étaient de l'ordre de l'improbable. Résultat : l'Algérie est passée au second tour au moment où les deux billets étaient délivrés aux Camerounais et Egyptiens avant même le début de la compétition. Le figurant a ainsi fini par surclasser deux potentiels favoris au sacre final. Un scénario identique a été par ailleurs réalisé lors de la phase finale de la CAN 2000 où les Verts avaient atteint les quarts de finale avant de se faire éliminer par le Cameroun. Ne pas avancer aujourd'hui que l'Algérie est capable d'aller en demi-finales ne signifie nullement un manque d'ambitions. Il ne suffit pas de dire pour prétendre pouvoir faire. Il faut laisser le terrain dire ses vérités qui ne sont pas souvent bonnes à apprendre. Et pour que l'équipe nationale algérienne puisse réaliser des objectifs à la mesure de son niveau –force et faiblesse-, il lui faut battre l'adversaire majeur. Ce dernier ne s'appelle ni le Malawi, ni le Mali, ni l'Angola. Il ne s'appelle pas non plus l'Egypte. Il s'agit d'un ennemi d'une autre nature : la prise de tête. Les Verts ne pourront pas faire bonne figure à Luanda s'ils ne remettent pas les pieds sur terre. Les déclarations de Saadane s'inscrivent manifestement dans cette finalité de «vacciner» le groupe -et les supporters par extension- contre le virus de la grandeur qui s'est emparé du monde du football algérien à quelques jours de la CAN 2010.