L'année aura été très dure pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Ce parti, que l'on croyait immunisé par sa discipline interne, a succombé, lui aussi, au vent de scission qui a touché plus d'une formation sur l'échiquier national. La rivalité autour du poste de président du MSP, qui apparaissait en filigrane lors du troisième congrès, a mué en crise de confiance, puis en dissidence ouverte, jusqu'à ce qu'elle fasse l'objet d'une fracture définitivement consommée. Une quarantaine de membres fondateurs de cette formation et principaux responsables du conseil consultatif (majliss echoura), essentiellement des partisans de Abdelmadjid Menasra, ont signé l'acte de naissance d'un nouveau cadre partisan : le mouvement de la prédication et du changement. Un parti en maturation auquel on pourrait donner le statut de parti au moment idoine. Les acteurs de ce prolongement de l'«aile du changement» qui a vu le jour au Parlement, en tant que groupe parlementaire parallèle du MSP, ont avancé un chapelet de griefs à leur démarche sécessionniste. A savoir le changement de la ligne politique imprégnée au parti par Boudjerra Soltani, qui s'éloignerait de la démarche du «juste milieu et modération», inaugurée par feu Mahfoud Nahnah, ainsi que le cumul de postes de premier responsable du parti et non moins ministre au gouvernement. Soltani a beau tenter de réduire l'impact de la déchirure interne en minimisant le taux de dissidence à moins de 3% des effectifs, en suspendant les activités de certains députés et en lançant des signaux vers ce qu'il est désormais convenu d'appeler l'autre aile, concernée par des tentatives de médiation tous azimuts, y compris même celle initiée sous l'égide de la référence idéologique du parti : les Frères musulmans, à Londres. Mais rien n'y fit. Le décor est planté : deux ailes s'observent en chiens de faïence. D'un côté le MSP, représenté par sa direction actuelle, ses instances qui continuent d'activer comme si de rien n'était. Et, d'autre part, le mouvement pour la prédication et le changement, qui n'existe que par le fait d'annonce. En somme, aucune existence légale puisque la demande d'agrément n'a pas été déposée à ce jour. A. R.