Algérie-Egypte n'était qu'une rencontre sportive. Certes importante pour chacune des deux équipes et pour les supporters des deux pays, cependant, personne ne s'attendait à ce que cette rencontre sportive dépasse les limites du stade et éventuellement à certains débordements de supporters algériens et égyptiens comme cela se passe dans toutes les compétitions, y compris entre deux clubs d'un même pays. L'implication du pouvoir égyptien dans ce duel sportif a généré une crise politique et diplomatique pilotée par les médias lourds égyptiens et même des voix officielles qui ont alimenté la haine et proféré des insultes graves frisant le racisme à l'égard de l'Algérie, des Algériens et même des symboles de la révolution de Novembre 1954. L'hystérie des médias égyptiens était sous-tendue par une lutte pour le pouvoir en faveur du fils aîné de Moubarak. Le président égyptien espérait faire passer la pilule de la candidature de son fils à la présidentielle de 2011 dans l'exaltation et la liesse populaire d'une victoire égyptienne le 14 novembre dernier. D'où le complot et le guet-apens ayant provoqué le caillassage du bus transportant les Fennecs et la chasse à l'Algérien le soir du 14 novembre et le lendemain, aussi bien dans les rues du Caire qu'à l'aéroport. La défaite des Pharaons le 18 novembre à Khartoum a déchaîné les médias et l'establishment égyptiens qui ont mobilisé toutes les tribunes et porte-voix pour s'en prendre de façon inédite à l'Algérie et à ses symboles les plus sacrés. Le siège de l'ambassade d'Algérie au Caire, suivi de l'atteinte à l'emblème national par des avocats égyptiens ont été vécus comme une volonté d'escalade d'une crise que le régime égyptien espérait pour laver sa honte. Si les médias algériens ont répliqué à cette campagne haineuse, l'Etat algérien a opté une attitude de Bouddha, préférant ne pas réagir à une stratégie qui finira par se retourner contre ses auteurs. L'Egypte, qui a rappelé son ambassadeur à Alger, exige des excuses officielles de l'Algérie et un dédommagement des entreprises égyptiennes ayant subi un préjudice en Algérie, avant que son ambassadeur ne regagne son poste. Pour Alger, il n'y a pas de crise et Le Caire est libre de renvoyer son ambassadeur à Alger ou de le garder. L'attitude de l'Egypte officielle a ainsi révélé un régime en crise qui fait feu de tout bois. A. G.