Par son sous-sol, notre pays est riche. Il l'est par d'autres attributs dont l'a si bien doté la nature, exprimée d'ailleurs dans ses diversités, comme il est tout aussi riche par son potentiel humain et la jeunesse de sa population. Il est également important par l'immensité des espaces sur lequel il s'étend. Pourtant, cette présentation très carte postale a, pour le moins, un pendant, lequel fait désordre : un fonctionnement asynchrone de la société dans, pratiquement, toutes ses strates. Des dysfonctionnements volontaires et involontaires qui font que l'Algérie, au prix de beaucoup de sacrifices, avance d'un pas et recule de deux. Il est vrai que, depuis 1999, loin est cette image d'une Algérie qu'on ne voyait pas du tout revenir à la stabilité politique, sociale, économique. Tout Algérien gardera de 2009 l'idée d'une année certainement exceptionnelle par bien des réalisations mais aussi et surtout le retour de l'équipe nationale de football parmi le gotha sportif mondial dans deux compétitions majeures en 2010. 2009 c'est aussi la réélection d'Abdelaziz Bouteflika et c'est tout l'intérêt qu'il a porté à cette réussite phénoménale, et qu'il a confirmée en Conseil des ministres, mercredi dernier, qui autorise toutes les espérances. Au cours de cet aréopage, le chef de l'Etat a insisté sur le fait que les déplacements des supporters vers l'Angola et l'Afrique du Sud soient matérialisés et, plus important encore, dans les conditions les plus favorables pour quiconque en exprimerait l'intention. L'autre fait éminent de ce Conseil des ministres a été la nécessité de réhabiliter le secteur de la jeunesse et des sports, mais aussi le secteur de l'éducation. Tout un programme qui a pour cible émouvante... la jeunesse, laquelle, à travers ses sorties spontanées dans la rue, son appropriation sans équivoque de l'emblème national et seulement de ce symbole avait émis un signal des plus forts à l'endroit du premier magistrat du pays dont le retour d'écoute rapide, conséquent et convaincant prend à contre-pied toutes les idées reçues sur ce pan de la population, majeur par le nombre et de la nécessité, voire du devoir de l'Etat, de ses institutions et des commis qui sont à son service d'être rigoureusement attentifs à ses attentes. Alors, face à cette spontanéité, il y a nécessité absolue pour les institutions, et ceux qui en sont les serviteurs, d'apporter un argumentaire cohérent, convaincant, à même de réhabiliter la notion d'Etat de droit autrement que par les engagements, les promesses et l'exercice rhétorique d'autant qu'à chacune de ses adresses à la nation, le président de la République a été on ne peut plus clair sur la lutte contre ce qui a installé la désaffection générale des populations, la démobilisation, le désespoir et, partant, le malaise social ambiant, l'omniprésent et pesant sentiment de lassitude, d'une rageante impuissance face à des situations pour le moins démobilisatrices d'autant que, depuis l'avènement de la presse privée, plus rien ne peut être tu, encore moins passé sous silence. Pis, les déballages en série d'affaires défiant la chronique, insultant toute morale parce que vraisemblablement organisées par des clans non pour des raisons d'intérêt national mais parce que tiraillés par des luttes intestines, intérêt sordide de factions prévalant. Eventées, ces affaires viennent, par voie de conséquence, en rajouter à une dramatique frustration chez la quasi-totalité des Algériens. Bien que quelques journaux ne s'épargnent pas un excès de désinformation… bien loin d'inciter à une quelconque sérénité. «Assainir des cercles gravitant autour des pouvoirs» C'est donc ces écuries d'Augias qui ne disent pas leur nom, ce chantier pharaonique auquel s'est attaqué le président depuis sa première investiture, que les Algériens veulent voir assainies mais qui ne risquent pas de l'être du jour au lendemain s'il n'y a pas un assainissement de certains cercles gravitant autour du pouvoir mais aussi une implication de la société civile qui aiderait à l'éradication par la racine de l'ensemble des facteurs contribuant à la banalisation de fléaux sociaux en série et qui, insidieusement, s'institutionnalisent comme la corruption, la bureaucratie, la violence, le terrorisme administratif, le népotisme, les passe-droits, les abus de pouvoir, la concupiscence, l'immoralité, l'injustice sous toutes ses formes. Autant de tares sociétales auxquelles s'est nettement moins opposée, à l'exception de simples déclarations d'intention, une quelconque velléité visant à permettre une égalité des chances à l'ensemble des Algériens dans le respect de leur dignité. Les phénomènes évoqués sont systémiques et puisent leur origine, comme cela a été le cas en d'autres temps et d'autres pays, dans des crises politiques successives. L'Algérie a vécu le pire chaos de son histoire pendant près d'une douzaine d'années, laissant la voie libre à des opportunistes et autres manœuvriers de s'incruster dans les rouages des institutions nationales exécutives et électives. Rappelons que le chef de l'Etat a consacré ses deux premiers mandats à faire le diagnostic d'une nation en peine, d'un pays en déconfiture, entamant ensuite sa réhabilitation urbi et orbi. Quant aux grandes lignes de son troisième mandat, elles résument grandement sa vision de s'attaquer à l'amélioration du cadre de vie de ses compatriotes. Ces grandes lignes, entre autres, sont : garantie de la liberté démocratique et des droits de l'Homme, promotion de la place et du rôle de la femme, réforme de la justice et maintien de l'ordre public, amélioration du service public, réforme de l'administration territoriale, instruments de contrôle et de régulation, amélioration du cadre de vie du citoyen, santé, accès au logement, à l'eau potable, à l'électricité et au gaz. En fait, des détails, dirait-on ailleurs, mais des détails qui valent leur importance en Algérie et qui sont malheureusement à la source du désarroi social en raison de la démission de ceux qui en détiennent la responsabilité quitte à faire de l'Algérien un agité en puissance prêt à recourir à l'émeute comme moyen d'expression, qui pour obtenir réparation d'un déni de justice, qui d'exactions policières, qui de licenciement abusif, qui pour éclairer sa maison et permettre à ses enfants de se chauffer les froides nuits d'hiver, qui même après s'être acquis des charges d'acquisition d'un logement participatif reste l'otage des années durant d'un promoteur véreux, qui devant l'opulence suspecte d'affairistes devant lesquels des cadres de l'Etat adoptent un profil bas, qui condamné par des juges aux ordres d'une puissance d'argent ou qui criminel, au contraire, est dédouané sur simple instruction téléphonée, qui mis en prison pour cinq ans pour un vol à l'arraché et qui frappé d'une lourde de peine de deux ans de prison pour avoir détourné dix milliards de centimes. Pour ces simples détails, l'Algérie a besoin néanmoins de grandes perspectives pour cette année dès aujourd'hui. A. L.