Entre autres projets phares attendus pour 2010, celui de Medgaz. C'est un grand chantier sur lequel travaillent Sonatrach et ses associés depuis plus de deux ans. Il sera réceptionné, en principe, au cours du 1er trimestre de cette année. Beaucoup de choses ont été dites et écrites au sujet de ce gazoduc. C'étaient les Espagnols qui avaient commencé les hostilités en imposant à la compagnie algérienne des hydrocarbures un volume limitatif en gaz à mettre sur le marché ibérique. Litigieux, ce volume l'était, parce qu'il ne correspondait pas à la part des actions de Sonatrach dans la société Medgaz. Il aura fallu des négociations en série, très serrées, pour venir à bout des divergences nées entre les deux parties. Le pragmatisme l'a ainsi emporté sur une mésentente conjoncturelle. L'Algérie veille à ce que l'Espagne reste un marché permanent pour ses exportations gazières. Inversement, l'Espagne veille à ce que son partenariat avec l'Algérie ne soit pas altéré. De tous les pays d'Europe, l'Espagne demeure un pays relativement fermé en matière énergétique. Il est l'un des pays européens où les transpositions de certaines clauses liées à la libéralisation du secteur de l'énergie sur le Vieux Continent rencontrent des problèmes. Pourtant, l'Espagne de même que les autres pays d'Europe savent que la véritable sécurité énergétique passe par l'abandon de la tendance protectionniste en matière d'énergie. L'Algérie couvre près de trente pour cent des besoins énergétiques de l'Europe. Elle en assurera 60% au cours des exercices 2015-2017 avec les deux projets de gazoducs (Medgaz et Galsi). Ces deux projets donnent de l'ampleur à l'activité à l'international de Sonatrach. Celle-ci est déjà largement présente sur le continent noir (Égypte, Libye, Mauritanie, Nigeria) et développe d'importants projets en Amérique latine (Venezuela et Pérou). De quoi accroître ses réserves d'hydrocarbures. Au Pérou, la compagnie nationale projette en 2010 de promouvoir davantage Camisia, un gisement dans lequel elle dispose de prises de participation. Le groupe compte en faire de même pour ce qui est de ses découvertes pétrolières dans le bassin de Ghadamès, 230 km au sud de Tripoli, en Libye. Au plan local, de nouvelles découvertes d'hydrocarbures ont été réalisées en 2009, d'autres le seront en 2010, une année très attendue en ce qui concerne le troisième avis d'appel d'offres que lancera Alnaft. Le deuxième avis ainsi que le premier ont débouché sur de maigres résultats. Le 1er avis d'appel d'offres avait valeur de test, dans le cadre de la nouvelle législation pétrolière. Il s'est terminé par la signature de quatre contrats. Ils sont revenus à GB Group (Grande-Bretagne), à ENI (Italie), à Gazprom (Russie) et à EON Ruhrgas (Allemagne). En 2010 commencera, dans le domaine de la pétrochimie, la fourniture de 1,75 milliard de mètres cubes par an de gaz naturel pour alimenter le complexe pétrochimique d'Arzew, une usine censée produire 44 000 tonnes par jour d'ammoniac et 3 450 tonnes par jour d'urée granulée. Ces fournitures gazières seront assurées en vertu d'un contrat de vente et d'achat de gaz naturel d'une durée de vingt ans entre le groupe Sonatrach et la société Sorfert Algérie, une entité mixte créée par la compagnie nationale des hydrocarbures et Orascom Construction Industries (OCI). Ce contrat est une «étape cruciale» dans la mise en œuvre du plan de développement de la pétrochimie approuvé par les pouvoirs publics. Il s'agit d'un ambitieux programme qui sera réalisé en partenariat. Le complexe d'ammoniac en question en fait partie et se trouve à un stade avancé. Ce complexe d'ammoniac est le plus grand d'Algérie. Il est composé de trois unités : deux pour la production d'ammoniac et une pour la production d'urée. Il devra employer quelque cinq mille travailleurs. L'accord initial signé entre les actionnaires impliqués dans le projet prévoit la création de deux sociétés conjointes. La première se charge de la réalisation et de l'exploitation du futur complexe, alors que la deuxième s'occupe de l'exportation des produits finis. Autre chapitre, le dessalement de l'eau de mer. Sonatrach s'est engagée dans ce segment d'activité et a, pour ce faire, monté, en association avec Sonelgaz, une société mixte (AEC). En tout, treize stations de dessalement de l'eau de mer ont été lancées. Certaines d'entre elles entreront en service en 2010. Indépendamment de la recherche, de l'exploration et de la pétrochimie, Sonatrach est associée aux préparatifs d'un événement de taille, programmé pour 2010, celui de la 16e Conférence internationale (LNG 16) et la réunion du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG). Ces deux rencontres vont réunir à Oran une brochette d'experts et de consultants spécialisés dans l'industrie du gaz et du pétrole. Pour ce qui se rapporte à l'électricité, des centrales électriques seront livrées en 2010. Sera également accentuée la cadence de certains projets en chantier. L'année 2010 devrait atteindre, dans un autre registre, un nombre jamais égalé de mises en service de nouvelles distributions publiques du gaz. La promotion des énergies renouvelables figure en bonne place dans le chapitre des investissements consentis par Sonelgaz. Elle le restera pour les années à venir. Le groupe a décidé d'engager une politique volontariste en la matière, en mettant chaque année en service, à partir de 2014, plus de 4 MW de solaire photovoltaïque. La stratégie de Sonelgaz est de devenir un acteur majeur dans le développement du solaire industriel et semi-industriel en Algérie et dans la région du Maghreb. Le groupe a aussi introduit le 400 kV qui constitue l'amorce d'un nouveau schéma permettant non seulement de répondre aux besoins énergétiques de l'Algérie mais également de rendre plus robustes l'ensemble de ses interconnexions avec les pays du Maghreb. Le «projet 400 kV», a été mis au point il y a quelques années dans le cadre des projections stratégiques de Sonelgaz. Il fait partie des grands scénarios que le groupe a conçus en vue de valoriser le potentiel énergétique national et mettre en valeur les potentialités favorisant l'organisation des échanges électriques et gaziers dans la région du Grand Maghreb. Et c'est un projet qui est toujours en développement : en 2010, environ 2 000 km de lignes seront réalisées. Après la mise en service des infrastructures en cours de réalisation ou qui le seront à court terme, ces lignes serviront à transférer de l'énergie d'est en ouest et vice versa et à réaliser, dans le cadre maghrébin, une dorsale Maroc-Algérie-Tunisie dans la perspective de l'expansion des réseaux vers la constitution d'une boucle électrique autour de la Méditerranée. Y. S.