Enfouis et délaissés dans le Sud-Ouest algérien, plus précisément dans la wilaya de Béchar, trois ksour seront bientôt proposés pour un classement au patrimoine architectural national. Il s'agit des ksour de Beni Ounif, de Kerzaz et de Mougheul fondés il y a plus de 15 siècles. Ces trois monuments historiques constituent un patrimoine matériel inestimable puisqu'ils sont les témoins d'une importante partie de l'histoire de la région. Consciente de la valeur de ces trésors, la direction de la culture de la wilaya de Béchar a exprimé son inquiétude quant au sort de ces ksour et souligné la nécessité d'une véritable protection et prise en charge. Elle a également procédé récemment, dans le cadre d'un vaste inventaire mené par le biais de son service chargé du patrimoine, au recensement de 129 ksour et sites historiques et archéologiques à travers la wilaya, méritant une attention particulière pour leur sauvegarde. Parmi ces sites menacés de tomber dans l'oubli, les stations de gravures rupestres des régions de Taghit et de Abadla, les tombeaux géants de Tabelbala, l'ex-centrale électrique de charbon et le site géologique de Marhouma dans la daïra de Beni Abbès. Pour rappel, seuls les ksour de Kenadsa, de Beni Abbès et de Taghit sont classés patrimoine national architectural et ont fait l'objet de travaux de réhabilitation, bien que le résultat ait été jugé non concluant si l'on se fie aux propos de Abdelkader Telmani, responsable du ksar d'Aourourout que nous avons contacté hier par téléphone. «Le ksar de Taghit a été ravagé par les intempéries, ce qui a découragé et ralenti les travaux de restauration. C'est dommage, car une enveloppe budgétaire importante a été accordée à ce projet», se désola-t-il. S'appuyant sur sa propre expérience, il nous fera part des difficultés auxquels il a eu affaire en proposant la réhabilitation du ksar qu'il a pris en charge en créant une association pour sa restauration et en battant campagne pour trouver des financements ainsi que des bénévoles pour les chantiers de restauration. Et il a réussi, au-delà de toute espérance, à remettre en état le ksar, et ce n'est pas grâce à l'administration locale. «Nous avons proposé un dossier pour la réhabilitation du ksar à la direction de la culture de la wilaya, mais nous n'avons même pas été reçus. La restauration du ksar d'Aourourout s'est faite grâce au dévouement de la population. Par ailleurs, je précise que notre plan de restauration visait à corriger les techniques de construction pour diminuer les risques d'effondrement suite aux intempéries», dira-t-il.M. Telmani nous indiquera également que plusieurs ksour de la Saoura méritent une attention particulière et il est plus qu'urgent de procéder à une sérieuse prise en charge en ce qui les concerne. «La région de la Saoura regorge de ksour. Il y en a même qui sont habités par les citoyens et les conditions de vie y sont primaires», conclura-t-il.Ainsi, il apparaît que le patrimoine matériel de la région sud-ouest est toujours menacé de disparition. Et ce n'est certainement pas avec la restauration de 3 ksour sur les 129 répertoriés que les autorités locales lèveront la menace. La sonnette d'alarme pour sauver ce qui reste de ce patrimoine culturel a été maintes fois tirée, mais il semble bien qu'elle n'ait provoqué aucun écho dans les bureaux feutrés des décideurs qui ont en main les cordons de la bourse et le devenir de la culture. Quant aux habitants et ceux qui ont à cœur de sauver ces richesses patrimoniales avant que les eaux de pluie, le laisser-aller et la négligence ne les emportent à jamais, il ne leur reste qu'à espérer trouver vite d'autres sources de financement et une main-d'œuvre désintéressée qui les aideraient à sauver ce qui peut encore l'être. W. S.