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Le mur et les barbelés de la plus grande prise d'otages de l'histoire humaine
La solidarité internationale tente de le briser
Publié dans La Tribune le 07 - 01 - 2010

L'Europe elle-même et ce qu'on appelle le monde occidental ou la communauté internationale -comme s'appellent d'autorité certaines grandes puissances– nous ont appris lors de la commémoration de la chute du mur de Berlin qu'un mur peut être une haute question culturelle. Concerts, rencontres, cérémonies, documentaires, expositions, production d'œuvres d'art circonstancielles, émissions festives, fêtes tout court et d'autres réalisations culturelles furent les preuves abondantes et superfétatoires qu'autour d'un mur s'affrontent des conceptions du monde et des façons de voir les hommes. En un mot comme en cent, dans cette chute du mur de Berlin se jouait la plus haute des valeurs culturelles de l'humanité : la liberté. Ici même en Algérie, beaucoup de médias, y compris les lourds, ont participé à la liesse officielle, en rappelant constamment, avec une naïveté consternante, qu'un autre mur se construisait là-bas en Palestine. Naïveté consternante pour des médias supposés être aguerris aux jeux de la propagande du double standard des droits de l'Homme qu'ils ont dénoncés en d'autres circonstances, notamment pendant les agressions sur le Liban et Ghaza. C'est dire la force de persuasion et de pénétration de cette propagande dès qu'elle arrive à placer ses thématiques sur le plan abstrait de l'«homme» en général, de la «liberté» en général, des «droits» en général, excluant les rapports réels entre les hommes réels. Le «mur» invisible des visas avait largement tempéré l'intérêt de notre jeunesse et des milieux populaires pour cette commémoration, pour ne pas parler des sceptiques qui voyaient dans cette allégresse officielle plus la jubilation d'une défaite du socialisme «réel» et de la part, même trahie, de son rêve de justice pour tous, que véritablement le triomphe de la liberté. Nos médias avaient confondu entre «croire sur parole» et «prendre au mot» ces grandes puissances. L'Europe et les Etats-unis ignoraient-ils à ce point la construction d'un mur de séparation sur les terres de Palestine ? Etait-il même besoin de rappeler ce mur alors que la France, l'Allemagne et les Etats-Unis dépêchaient vers Ghaza, meurtrie par une agression israélienne d'une rare barbarie, des conseillers, des navires et du matériel électronique sophistiqué pour rendre hermétique le blocus imposé par Israël ? Un autre mur se refermait sur une population d'un million et demi de personnes. Mur de barbelés et de miradors sur terre et mur de navires vigilants en mer. Ce blocus était-il décrété par le Conseil de sécurité de l'ONU pour que des nations dites respectueuses du droit et des droits de l'Homme se précipitent pour enfermer des centaines de milliers d'êtres humains à l'intérieur des barbelés ? Comment appelle-t-on un espace clos hermétiquement dans lequel on entasse des hommes qui ne peuvent se mouvoir ou survivre que par l'autorisation d'autres hommes ? Une prison ou un camp de concentration ! Ghaza est le plus grand camp de concentration de l'histoire de l'humanité. Cinq trimestres -ce n'est pas long, cinq trimestres- après cette commémoration en grande pompe du 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin, la construction du mur d'acier par l'Egypte pour aggraver le blocus de Ghaza vient relancer le débat sur la liberté, sur les libertés. Et les informations montrent la participation américaine et française à ce mur après que les équipements électroniques allemands ont failli. Alors, tous les murs n'ont pas le même sens et ne provoquent pas les mêmes indignations, les murs se jaugent-ils aussi au même double standard et à la même géométrie variable que les droits de l'Homme en général ? Bien sûr, ce mur ne fait pas la une des médias dominants en Occident ni dans le monde arabe et c'est encore quelques chaînes satellitaires en langue arabe (El Jazeera, El Alam et El Hiwar) qui lui consacrent l'espace qu'il mérite.
Pourtant, ce mur est le centre d'une immense bataille qui aura des répercussions profondes et durables sur le plan culturel dans le monde arabe parce que ses significations sont potentialisées par un autre fait qui s'y est greffé par hasard : l'arrivée du convoi d'aide humanitaire mené par le chrétien et britannique Galloway. Chrétien, car pour expliquer à un animateur d'El Hiwar curieux de connaître les ressorts de son obstination et de sa patience dans son combat pour les droits des Palestiniens malgré le climat hostile entretenu par les Etats et les milieux officiels européens, il a répondu qu'il puisait sa force dans trois sources : sa foi profonde en Dieu ; sa conviction que tous les hommes appartiennent à une seule et même humanité, à une seule race : les humains ; sa certitude dans la justesse du combat palestinien. Il a fait cette déclaration à partir d'El Akaba en Jordanie, à la veille de Noël qu'il aura passé loin de sa famille. Le paradoxe était saisissant : un convoi composé de chrétiens, de juifs et de musulmans de différentes nationalités, dont l'américaine, affrontait un interdit arabe devenu en partie musulman avec la fatwa d'El Azhar rendant licite le mur d'acier comme mesure légitime pour défendre les intérêts égyptiens et par extension rendant licites toutes les mesures défendant ces mêmes intérêts. Bien peu ont parlé de la présence au Caire parmi d'autres marcheurs vers Ghaza pour en briser le blocus de cette juive américaine octogénaire et rescapée des camps nazis. Beaucoup d'intellectuels et militants arabes avaient tenté auparavant d'extirper de l'opinion arabe la vision religieuse de la question palestinienne, travestissant ce problème colonial, compliqué par des considérations et des arrière-fonds stratégiques en question religieuse, privant ainsi les peuples arabes de la bonne compréhension de ce problème et de ses effets sur leur vie politique. Ces intellectuels n'ont jamais pu le faire dans des conditions aussi favorables sur le plan mental. Déjà, le chef du Hamas à Damas et le chef du Hamas à Ghaza avaient reçu des délégations de militants juifs pro-palestiniens et déclaré que leur problème n'était pas avec les juifs mais avec le sionisme dont tout le monde comprend mieux qu'il est aussi et surtout une idéologie des chrétiens évangélistes dont le centre de gravité reste les Etats-Unis.
Cette vision religieuse n'est pas totalement en faillite. Les idéologies ont la vie dure. Mais elle est sérieusement mise à mal et avec elle une autre idéologie qui a bénéficié d'un statut de quasi-sacralité : la fraternité arabe. En ramenant les débats qui ont eu lieu sur ces chaînes satellitaires à leur essentiel, nous pouvons distinguer trois grands thèmes. Le premier, et il prend une place importante, est celui de la reconnaissance à exprimer à ces chrétiens et à ces juifs pour leur solidarité inspirée par le désir de justice et de solidarité avec des Palestiniens soumis à des conditions quasi inhumaines. Pour la première fois, nous entendons des religieux musulmans comme des citoyens exprimer clairement la nécessité de rendre hommage à ces hommes et de reconnaître leur
valeur et leur apport. Un imam a proposé la création d'un prix pour distinguer ces hommes de bonne volonté. C'est une sérieuse mise à mal dans le credo professé jusque-là que tout acte de charité et de solidarité était frappé de nullité s'il n'émanait pas d'une foi musulmane avérée et éprouvé, fût-il celui d'un musulman s'il s'avère tiède dans l'ostentation de sa foi. C'est au cours de ces échanges que plusieurs fois est revenue cette conscience ou ce début de conscience à un niveau significatif que le conflit en Palestine n'était pas religieux mais politique. Cela ne veut pas dire que la conscience politique va avancer miraculeusement. Mais on peut noter que cette idée fausse d'un conflit religieux ou ethnique a bien des difficultés à rester hégémoniques. Il vaut mieux prendre, en ce domaine comme en d'autres, que «ce ne sont pas les idées justes qui triomphent mais les idées fausses qui finissent par mourir» mais il faut beaucoup d'efforts et d'intelligence pour les aider à mourir. Cette fissure dans la vision religieuse qui arrangeait totalement Israël et ses parrains a ouvert les portes à une nouvelle notion dans la bouche des intervenants musulmans dans les différents meetings plurilinguistiques et pluri-religieux qui se sont tenus au Caire, à Londres, devant les portes fermées de Ghaza : la notion d'hommes libres du monde entier, «ahrar el ââlem». C'est un pas considérable pour un monde arabe coincé dans le langage religieux et ethnique lui-même lesté par le sacré. Le débat sur la fatwa d'El Azhar recouvre presque entièrement le deuxième thème mais ce dernier n'est pas du tout explicite : la désacralisation des interprètes de la foi, la remise en cause de leur «science». Entre El Qaradaoui qui s'éveille aux questions politiques et sort provisoirement de sa scolastique en condamnant le mur d'acier et Tantaoui d'El Azhar et son conseil scientifique qui décrètent sa licéité s'est glissée dans les interventions des gens l'idée que les fatwas sont finalement le produit de leur temps et le produit de facteurs politiques. Si la parole du religieux perd de sa sacralité à ce point qu'on recoure aux facteurs terrestres pour l'expliquer, cela signifie qu'elle relève désormais, tout au moins pour quelques-uns apparemment de plus en plus nombreux, de la critique de la raison. C'est un pas considérable vers la sortie de la compensation de la dure réalité par le symbole et le fantasme. Le troisième thème est encore plus intéressant. Il se dégage des confrontations de deux généraux égyptiens invités d'El Alam et d'El Jazeera et de leurs contradicteurs. De façon obstinée, ces deux généraux ont développé l'argument que l'Egypte était en droit de défendre ses intérêts nationaux face aux menaces provenant de Ghaza sous forme de contrebande d'armes et de drogue. Ils ont étalé sur tous les tons cette «vérité» pour eux que le régime égyptien n'est tenu par aucune des valeurs arabes qu'il convoque pour revendiquer un rôle de leader arabe : ni la solidarité avec un peuple emprisonné, ni le secours purement humanitaire à des otages, ni aucune autre considération et que l'Egypte est souveraine et en droit de prendre les décisions qu'elle veut sans en rendre compte à quiconque. Evidemment leurs contradicteurs ont eu la part belle pour leur mettre sous le nez cette contradiction entre l'affirmation de l'arabité dont ils réclament le leadership et l'isolement égoïste. A ce niveau aussi, les mots et les notions ont changé. La notion d'arabité qui renvoyait à une sorte de fraternité naturelle, celle du sang ou de la langue, à une sorte du droit du frère sur le frère, a volé en éclats. Il ne s'agit pas de distinguer les régimes des peuples arabes. Cette distinction était faite depuis longtemps pour expliquer l'alignement américain des régimes qu'on distinguait d'un supposé soutien des peuples arabes. La distinction va plus loin. Bien sûr, dans les discours tenus hier à El Arrich et du côté palestinien, les intervenants ont appelé le peuple égyptien à assumer son arabité et son islam et à ne pas laisser le régime souiller ces deux valeurs. Cette distinction va plus loin car dans les débats et les discours est en train de naître une autre vision du frère : c'est Galloway qui est le frère, le vrai frère. Cette fraternité se mesure dans les paroles bien que de façon timide à l'aune de l'action concrète. Jamais une opportunité aussi nette ne s'est présentée pour qu'un aggiornamento de la pensée politique et de la culture arabe se fasse dans le sens d'une appropriation du monde et de ses sens dans sa réalité et non par le biais des fantasmes, certes réparateurs et consolateurs, mais générateurs des pires des enfermements et des aliénations.
Cette secousse n'est pas survenue par hasard. Le monde des idées, des représentations et de la culture a beau être relativement autonome, il n'en reste pas moins lié aux réalités concrètes. L'attitude du régime égyptien et ses conséquences idéologiques sont le résultat de la crise dans laquelle l'Europe et les Etats-Unis, aidés par les régimes arabes qui leur sont affidés, ont plongé le Moyen-Orient en refusant de régler la dernière question coloniale de la
région. Les propos des deux généraux étaient d'une clarté lumineuse : que le Hamas signe le document de réconciliation et le passage de Rafah sera rouvert. Les Européens et les Américains n'auraient jamais avoué aussi crûment cette prise d'otages gigantesque mais ces généraux n'ont fait cet aveu qu'après avoir épuisé, en vain, tous les ressorts de la mauvaise foi. Cela sera aussi une leçon pour ceux en Algérie qui raillent la résistance palestinienne, car c'est bien cette résistance avec ses moyens dérisoires mais avec le courage de la population et son «sobr» qui a mis en faillite tous les plans visant à les soumettre à une pax israélo-américaine. Face à l'approfondissement de la crise, il faut sauver le régime égyptien qui, s'il cède devant ce convoi, devra ensuite céder continuellement. Il faut le sauver en trouvant une solution à la crise et au plus vite dans le sens voulu par Israël tout en sauvant la face à Moubarak. Le monde arabe est sur le bord d'un volcan. Moubarak est prêt à toutes les aventures pour faire passer son fils et le mur d'acier qui est le gage son obéissance aveugle aux demandes sionistes et américaines amplifiées par la France, ne poursuit que ce but. Démontrer qu'au-delà de la fable des droits de l'Homme et de la démocratie son projet dynastique est le seul à pouvoir leur assurer une Egypte aux ordres et au garde-à-vous. Pourtant, ce monde arabe va de plus en plus mal et la «somalisation» du Yémen n'est pas pour rassurer. Les illusions des visites et des réunions incessantes qui font croire que le raïs égyptien est au centre des grandes manœuvres et qu'il pèse sur le plan régional ne résistent pas aux faits qui montrent au contraire que l'Etat égyptien est incapable de jouer ce rôle de leadership régional qui est en train de passer entre les mains de la Turquie, de l'Iran, et probablement de l'Arabie saoudite à court terme. C'est pour cela que le régime de Moubarak s'agite pour mobiliser les Etats arabes de la région autour d'une avancée israélienne supposée que viennent de démentir deux projets de construction de nouveaux blocs de colonies au sein même d'El Qods. La crise politique est en train de se transformer en crise idéologique. Ce mur, le visible et l'invisible, renforcé par l'Allemagne, la France, les Etats-Unis et exécuté par un régime égyptien, ce mur finalement devient pour le peuple palestinien et ses amis de toutes religions et de toutes nationalités l'épreuve de la liberté, un acte de libération à la fois des illusions et des dominations. A l'intérieur de leurs barbelés, les Ghazaouis sont infiniment plus libres que le Moubarak, les Sarkosy, les Merkel et les généraux israéliens. Sous le ciel d'El Arrich, les convoyeurs de l'aide pour Ghaza sont infiniment plus libres que le Moubarak qui les faisait matraquer hier et infiniment plus libres que les maîtres de Moubarak. Rebelles, ils changent le monde et découvrent avec les autres rebelles du monde entier que la libération et la liberté, c'est le seul berceau de la fraternité humaine, le seul partage authentique de nos parts différentes d'humanité que nous essayons de construire. Contre les murs et contre les mensonges.
M. B.


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