Photo : M. Hacène Par Abderrahmane Semmar Derrière son sourire de gamin se cache un homme aux ambitions inextinguibles. Avec sa gaieté joviale, ce boute-en-train a su s'imposer comme l'un des jeunes entrepreneurs les plus brillants de sa génération. Son mot d'ordre est l'innovation. Sa devise, ne jamais baisser les bras. Nassim Lounes, directeur de l'agence de communication Med&Com, la première régie publicitaire sur Internet, est en réalité un battant qui trouve son bonheur en relevant toutes sortes de challenges. Du chemin à faire Et pourtant tout n'a pas été aisé pour ce jeune de 32 ans. En effet, cet enfant de Hussein Dey qui a grandi à Birkhadem a dû cravacher dur pour réaliser ses rêves. Issu d'une famille de banquiers, Nassim rêve depuis sa tendre enfance d'emprunter le chemin de son père. Pour cela, il lui fallait une formation en bonne et due forme pour devenir un fin et averti financier, chose qui ne lui est pas étrangère réellement car son talent pour les négociations commerciales et ses qualités en maths l'ont distingué de tout temps de ses congénères. Entré en 1997 à l'Ecole supérieure des banques de Bouzaréah, après avoir remporté un concours sélectif au terme duquel il s'est classé 13ème sur 1 000 candidats, Nassim se frotte au gratin universitaire formé dans cette grande école. Mais comme la fibre entrepreneuriale animait passionnément notre jeunot, il se lance, parallèlement à ses études, dans la création en 2001, avec sa soeur, d'une école de formation en informatique, langues étrangères et cours de soutien. Malheureusement, faute d'agréments, il dut fermer son école. En même temps, il finit ses études à l'ESB et se retrouve employé en 2000 dans une banque publique. De cette expérience professionnelle, il gardera un souvenir amer. Et pour cause, lui qui pétillait d'ambition, se voit noyé dans la bureaucratie et la médiocrité de l'administration algérienne. «Le travail dans cette banque m'a cassé. Tous mes rêves se sont évaporés. La piètre qualité de l'encadrement et le manque de considération accordé aux jeunes m'ont fait beaucoup de mal car tout au long de mon cursus à l'ESB, on nous avait appris à être les meilleurs», raconte Nassim qui a tout fait pour changer les choses dans sa banque sinistre. Alors que son service n'est même pas informatisé, il propose à sa direction un système d'informatisation pour traiter les dossiers. Mais son projet, la direction générale préfère le garder dans un tiroir. Au bout de 3 ans de travail, Nassim finit par jeter l'éponge car il ne se voyait jamais rentier dormant sur ses lauriers dans une administration vieillissante. En 2003, il opte pour l'aventure du business. Mais comme il ressentait des déficiences au niveau de sa formation, il vend tout ce qu'il possède pour aller continuer ses études en France. «Je me suis inscrit dans une université française à Paris pour une maîtrise en économie et gestion d'entreprise. Lorsque j'ai atterri à Paris, je n'avais que 500 à 600 euros en poche. J'ai énormément galéré la première année, mais comme les portes du savoir m'ont été toutes ouvertes, j'étais alors très motivé», confie notre interlocuteur qui décrochera haut la main sa maîtrise pour passer ensuite à un master 2 en marketing et en communication. Brillant dans ses études universitaires, fort en communication, Nassim décroche un stage dans une grande boîte du quartier d'affaires de la Défense, l'AGF. Le début de la réussite C'est là le début de son ascension. Etant le seul étranger, et Algérien qui plus est, du service marketing de ce grand assureur français, Nassim a dû redoubler d'efforts pour faire ses preuves. Et en une année de stage, il s'est imposé de fort belle manière. AGF voulait le recruter, mais la conjoncture marquée par une compression de personnel ne s'y prêtait pas. «Je dois dire que rester en France ne m'a jamais intéressé. Mon but était de bien me former pour revenir au pays et réfléchir à mettre en place un projet original», relève-t-il. Ainsi, armé de son expérience française et de son courage, Nassim revient en 2006 au pays et crée, avec son cousin, Med&Com, une agence de communication qui introduira par la suite la publicité sur Internet en Algérie. Avec un fonds propre de 200 millions de centimes, Nassim commence timidement en explorant le créneau du moment : les NTIC. Flairant le bon coup, il crée le premier magazine gratuit en Algérie dédié aux NTIC. Il devient à ce moment-là le directeur de publication le plus jeune en Algérie. NTIC Magazines s'imposera rapidement comme le média de référence pour les passionnés des nouvelles technologies. Petit à petit, le succès arrive et Nassim réussit à convaincre de gros opérateurs de créer des sites Internet et de lancer des campagnes de pub online. Panasonic Algérie, Nokia, Coca-Cola, Samsung Algérie et d'autres encore lui ont fait confiance en lui confiant leur site Web et leur communication online. Sa marque s'impose rapidement, et en 2007 il décolle pour se professionnaliser et se développer davantage. Il crée ensuite les sites Web les plus visités de la Toile algérienne : le portail NTIC Web, Pro de la presse, le premier portail dédié exclusivement au monde des médias, il regroupe plus de 300 journalistes, Djouala.com, etc. Le prince du www.dz Nassim Lounes sera sacré dès lors le prince du ww.dz. De 3 employés, il se retrouve aujourd'hui avec 15 employés et une croissance de 130% ! Versant dans la création de contenu, son entreprise est considérée comme l'une des plus dynamiques en Algérie. Ses projets d'avenir, Nassim les résume dans le développement de son entreprise et le renforcement de son équipe. Mais pour ce faire, il réclame des aides fiscales et parafiscales pour pouvoir recruter et développer ses activités. Si cette aide lui est accordée, il promet des miracles car «en Algérie tout est faire, il suffit de faire preuve de volonté et de bon sens», conclut-il. N'est-ce pas là une belle leçon de vie ? Cela nous change en tout cas de la sinistrose ambiante… A méditer.