Le mitraillage, vendredi dernier, du bus de la délégation togolaise qui se rendait à Cabinda, lieu de déroulement des matches du groupe B, a renversé toutes les donnes liées à la 27e édition de la Coupe d'Afrique des nations. Les sujets et débats qui alimentent traditionnellement le grand événement du football africain n'ont plus droit au chapitre. On évoque de moins en moins la question des potentiels favoris au sacre final. On ne parle plus des grands absents de la compétition. Seule une interrogation intéresse le monde du football. Le Togo prendra t-il part à la CAN 2010 ? La question se posait hier encore dans tous les coins du globe. Les membres de la délégation togolaise, meurtris par le décès de deux des leurs, ne savent plus quoi faire. Sous le choc de l'attaque criminelle, les Togolais n'arrivent pas à s'en remettre, quand bien même les joueurs tenaient à défendre les couleurs de leur pays. Réunis dans la soirée de samedi dernier, quelques heures après que le gouvernement togolais ait décidé de rappeler sa sélection, les coéquipiers d'Adebayor semblaient déterminés à rester en Angola. «En mémoire de ses disparus, l'équipe nationale a décidé de participer à la CAN. On a tous très mal au cœur, ce n'est plus une fête, mais nous avons envie de montrer nos couleurs, nos valeurs et que nous sommes des hommes. C'est une décision qui a été prise à la quasi-unanimité par le groupe qui s'est réuni dans la nuit et a décidé cela après avoir été rassuré par les autorités angolaises», a déclaré Dossevi, un des éléments des Eperviers. L'avis des joueurs venait ainsi contrarier la décision prise auparavant par le gouvernement. «Nous ne pouvons pas continuer dans cette circonstance de drame la compétition de la CAN», annonçait à Lomé, samedi après-midi, le porte-parole du gouvernement togolais Pascal Bodjona. Dans la journée de dimanche, la confusion demeurait totale. L'inquiétude aussi. Pendant que les officiels angolais livraient des engagements successifs quant au renforcement du dispositif de sécurité à Cabinda, les auteurs de l'attentat menacent de nouvelles attaques. «Les armes vont continuer à parler dans l'enclave pétrolifère angolaise de Cabinda», a menacé, dans la matinée d'hier, le responsable du groupe séparatiste, Rodrigues Mingas. Chargé par la FIFA du dossier togolais, le président de la fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma, a exprimé son souhait de voir «le Togo rester en Angola». Il ajoutera que «c'est la meilleure manière d'honorer les victimes innocentes de vendredi dernier, et de démontrer que la violence ne doit pas imposer son diktat». En début d'après-midi, le gouvernement togolais a dépêché un avion spécial pour ramener d'Angola la sélection nationale de football. Le Togo quitte Cabinda, la CAN passe à 15 participants. Triste entame. A. Y.