La gauche française, notamment les Trotskystes, perd un des ses grands théoriciens, en la personne de Daniel Bensaïd, mort mardi à l'âge de 63 ans. Philosophe et homme politique de premier plan, Daniel Bensaïd est co-fondateur de la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), devenue par la suite Ligue communiste révolutionnaire (LCR) aux côtés d'Alain Krivine. Il est l'un des animateurs les plus en vue, avec Daniel Kohn-Bendit, du mouvement de Mai 1968 à Paris. Longtemps membre de la direction de la LCR et un des principaux dirigeants de la IVe Internationale (organisation communiste trotskiste fondée en 1938), il était engagé dans tous les combats internationalistes. Né le 25 mars 1946 à Toulouse, ce philosophe, enseignant à l'université de Paris-VIII, a publié de très nombreux ouvrages de philosophie ou de débat politique, animé les revues Critique communiste et Contretemps, et participé à la création de la Fondation Louise-Michel. Il avait notamment écrit en collaboration avec Olivier Besancenot Prenons parti pour un socialisme du XXIe siècle (Editions Mille et une nuits) en janvier 2009, à un mois de la création du Nouveau parti anti-capitaliste (NPA) que préside actuellement Olivier Besancenot. «Il a participé activement à la création de la Fondation Louise Michel et mené sans concession le combat des idées, inspiré par la défense d'un marxisme ouvert, non dogmatique», rappelle le NPA, dans son communiqué. Son compagnon de combat, Alain Krivine a, quant à lui, écrit que Bensaïd «appartenait à toute une génération militante qui avait fait ses preuves en 1968. Il n'a pas, lui, abandonné le drapeau de la révolte et de la résistance, il incarnait la continuité du combat révolutionnaire», décrit-il, à propos de celui qui conjuguait à la fois «théorie marxiste, sans en faire un dogme sectaire», et «militantisme de terrain». De son côté, la secrétaire nationale du Parti communiste français, Marie-George Buffet a salué «une des figures les plus marquantes du courant révolutionnaire français», un «homme de grande culture», «simple et attachant» qui «n'aura eu de cesse de revisiter l'apport de Marx à la lumière de l'expérience historique et des enjeux théoriques et politiques de notre époque». Au Parti socialiste français, le porte-parole, Benoît Hamon rend hommage à un «infatigable débatteur» qui était «un des théoriciens les plus solides intellectuellement» du mouvement trotskiste, «en France et dans le monde». A. B.