Le Japon a cessé depuis hier à 15 heures de ravitailler les navires de guerre de la coalition internationale, engagée dans les opérations en Afghanistan. «Je vais donner l'ordre que la mission de ravitaillement prenne fin à minuit (15h00 GMT) et que la flotte revienne au Japon», avait annoncé dans la matinée d'hier le ministre de la Défense japonais, Toshimi Kitazawa. Cette décision fait suite à la promesse électorale de la coalition centre-gauche qui a pris en août le pouvoir au pays du Soleil-Levant, après cinquante ans de règne de la droite conservatrice libérale. Le Parti démocrate du Japon (PJD, centre-gauche) a toujours considéré que la guerre en Afghanistan est une «guerre américaine», contrairement aux Etats-Unis qui ont justifié leur invasion pour ce pays en 2001 par la «lutte contre le terrorisme». L'envoi d'un navire ravitailleur qui croisait dans l'océan Indien, accompagné d'un escorteur, pour fournir de l'eau et du fioul aux navires alliés a provoqué une véritable polémique au Japon. Le PJD, qui était dans l'opposition à l'époque, s'est violemment attaqué à son rival au pouvoir, le Parti libéral démocrate (PLD, droite), l'accusant de d'embrigader l'archipel, officiellement pacifiste, dans une guerre qui n'était pas la sienne. Le PJD avait même réussi, à force d'obstruction parlementaire, à faire revenir la flotte au pays en 2007, avant que la droite ne parvienne à la renvoyer dans les mers chaudes au début de l'année suivante. Le centre-gauche avait promis de cesser ce soutien, impopulaire parmi la population nippone, en cas de victoire au scrutin législatif. Les Etats-Unis avait été prévenus officiellement peu après l'arrivée au pouvoir du PJD. Le Premier ministre Yukio Hatoyama a toutefois rassuré ses alliés occidentaux en leur réaffirmant que son pays continuera à participer à l'effort de lutte contre le terrorisme, peu importe sa nature. «Notre pays continuera de participer, de sa propre initiative, aux efforts internationaux contre le terrorisme, car il est de notre propre intérêt de favoriser la paix et la stabilité», a déclaré M. Hatoyama. Son gouvernement a dévoilé en novembre un plan d'aide de 5 milliards de dollars sur cinq ans pour aider à reconstruire l'Afghanistan ravagé par les guerres. Cette aide doit notamment servir à encourager les miliciens talibans à retourner à la vie civile, à financer la transformation de la capitale Kaboul, à payer les policiers afghans et à soutenir l'agriculture. Reste que l'arrêt du soutien logistique ne va pas arranger les affaires de l'administration du président américain Barack Obama, qui a fait de la stabilisation de l'Afghanistan la priorité de sa politique antiterroriste. Les relations entre les deux alliés se sont tendues depuis l'arrivée de l'équipe de M. Hatoyama et son engagement à mener une politique plus indépendante des Etats-Unis. M. Hatoyama a promis d'alléger le fardeau pesant sur l'île d'Okinawa (sud), où sont stationnés la moitié des 47 000 soldats américains basés dans l'archipel. R. I.