Haïti est toujours sous le choc. Les secours mobilisés tentent de gérer la situation, d'éviter le pire. Pas évident dans un pays où il n y a plus que des débris. Le séisme du 12 janvier dernier de magnitude 7 aurait fait au moins 50 000 morts et trois millions de blessés et de sans-abri selon la Fédération internationale de la Croix-Rouge, voire 100 000 d'après des responsables politiques haïtiens. Le président Préval a annoncé que 7 000 victimes avaient déjà été inhumées dans une fosse commune. Les équipes internationales arrivent difficilement sur place et l'aéroport de Port-au-Prince, la capitale, avec sa piste unique, est saturé. L'ambiance générale est au chaos : il n'y a plus ni eau, ni électricité, ni moyens de communication, les vivres manquent et il faut aussi des abris. Hier encore, des milliers de blessés et de sans-abri, désespérés, ont passé la nuit dans les rues de Port-au-Prince. Fatigués d'attendre les secours et les vivres, des habitants ont bloqué des rues avec des cadavres pour protester. Les cadavres sont partout, gisant sur les trottoirs et les bas-côtés, tandis que d'autres restent coincés sous les décombres. Et pour échapper à l'insoutenable odeur de putréfaction, les survivants se couvrent le nez d'un morceau de tissu. Des camions remplis de corps arrivent à l'hôpital général de Port-au-Prince. C'est dire l'ampleur de la catastrophe qui a frappé Haïti. Les médecins manquent de moyens pour soigner les blessés, dont beaucoup risquent de succomber s'ils ne reçoivent pas des soins dans les jours qui viennent. L'espoir de trouver des survivants s'amenuise d'heure en heure, et les habitants déblayent à mains nues tout ce qu'ils peuvent, dans une ambiance de plus en plus tendue devant le manque de secours. Les secours affluent mais le port est détruit et l'aéroport de Port-au-Prince a du mal à suivre avec une seule piste, terriblement encombrée par des dizaines d'avions. De plus, faute de bras, il faut du temps pour décharger les cargaisons. Les Etats-Unis ont décidé d'envoyer sur place 3 500 soldats, 300 médecins et infirmiers, plusieurs navires, dont le porte-avions nucléaire Carl Vinson avec 19 hélicoptères, attendu dans la journée d'hier, et 2 200 Marines. Plus d'une trentaine de pays participent aux efforts sur place. Huit équipes de recherche des victimes étaient, jeudi dernier, sur le terrain à Port-au-Prince. Les sauveteurs se plaignaient de devoir travailler dans l'insécurité la plus totale et sans que les autorités locales ne soient capables de coordonner leurs efforts. «Il y a des pillages et des gens armés, parce que c'est un pays très pauvre et qu'ils sont désespérés», a déclaré le chef des opérations de la défense civile dominicaine. Les entrepôts de stocks de nourriture du Programme alimentaire mondial (PAM), qui prévoit de distribuer une aide d'urgence à 2 millions de sinistrés, ont été pillés. Face à cette situation d'insécurité, la mission d'assistance des Etats-Unis en Haïti pense appeler ses troupes à maintenir l'ordre. Haïti n'a pas d'armée et ses forces de police ont quasiment disparu dans le chaos qui a suivi le tremblement de terre. Les aides continuent d'affluer et l'ONU a annoncé hier qu'elle avait reçu 268,5 millions de dollars de promesses d'aide internationale. H. Y.