Alors que le chaos s'étend dans la capitale surpeuplée, le gouvernement haïtien a décrété l'état d'urgence jusqu'à la fin janvier, ainsi qu'un deuil national de 30 jours. Haïti n'en finissait pas de compter ses morts, 70.000 corps de victimes du séisme ayant déjà été enterrés, alors que le gouvernement a décrété l'état d'urgence et tentait de répondre au désespoir des sinistrés avec l'ouverture prochaine de 280 centres d'urgence. Cinq jours après le séisme de magnitude 7 qui a frappé l'île caribéenne, le bilan continue donc de s'alourdir: 70.000 cadavres ont été ensevelis dans des fosses communes, selon le secrétaire d'Etat à l'Alphabétisation, Carol Joseph. Au moins 250.000 personnes ont été blessés et 1,5 million sont sans-abri. Alors que le chaos s'étend dans la capitale surpeuplée, le gouvernement haïtien a décrété l'état d'urgence jusqu'à la fin janvier, ainsi qu'un deuil national de 30 jours. Peuple très pieux, les Haïtiens ont assisté aux offices du dimanche en plein air au milieu des ruines des églises et de la cathédrale de Port-au-Prince. «ll y a des choses difficiles à comprendre si l'on n'a pas la foi» reconnaissait un prêtre en préparant la messe. Trois Haïtiens, relativement indemnes ont été extraits à l'aube, des décombres d'un supermarché. «Ils étaient tous les trois entourés de nourriture, donc ils ont pu manger. Contrairement à ce qui se passe d'habitude dans ce genre de situation, il y a une grande possibilité de sauver des gens les 6e, 7e et 8e jours après le séisme», a observé un des sauveteurs, l'Américain Joseph Fernandez. Un fonctionnaire danois des Nations unies a également été retrouvé presque indemne. Quelque 43 équipes internationales sont engagées sur place, totalisant 1739 sauveteurs et 161 chiens. Signe que les chances de retrouver des survivants s'amenuisent comme une peau de chagrin, des secouristes belges et luxembourgeois ont regagné Bruxelles dimanche soir. Abandonnant également tout espoir d'extraire des rescapés, des habitants mettaient le feu aux décombres pour faire disparaître les corps en décomposition. «Ceux qui sont encore sous les ruines de leurs maisons, nous ne pensons pas pouvoir les enlever, alors nous mettons le feu en utilisant des pneus usagés et un peu d'essence», explique Emmanuel, un habitant du bidonville de Morne-Lazarre. L'urgence désormais est bien d'éviter une énorme catastrophe sanitaire. Port-au-Prince prend peu à peu des allures de bidonville géant, et sans accès à l'eau potable et à des sanitaires, les Haïtiens qui ont survécu courent le risque d'attraper et de diffuser nombre de maladies. Le jardin du Champ-de-Mars, qui borde le Palais national, siège de la présidence, dont la coupole s'est effondrée, est par exemple transformé en immense camp de réfugiés, où flotte une forte odeur d'urine. «Je n'ai pas assez de force pour l'allaiter, je ne peux pas m'occuper de lui comme il le faudrait», dit Louisoguine, 20 ans. Elle soulève le vêtement de son bébé aux cheveux bouclés, montrant sa peau irritée, qui commence à peler. «Je ne sais pas ce qui va se passer maintenant, je n'en ai aucune idée». Face à cette situation, le gouvernement haïtien va ouvrir à partir de d'hier, quelque 280 centres d'urgence dans la capitale et six villes aux alentours, pour distribuer l'aide humanitaire et héberger les sans-abri. Ces centres auront une capacité d'accueil moyenne d'environ 500 places et seront installés dans des bâtiments publics, comme des cours d'école, des églises. Les secours semblent ainsi peu à peu gagner en organisation. Au total 12.500 soldats américains devaient être sur zone hier, à terre ou au large, pour sécuriser la distribution des secours. Le président Barack Obama a encore ordonné dimanche, la mobilisation des réservistes pour participer à des missions humanitaires. Dans le chaos de Port-au-Prince, des policiers ont ouvert le feu dimanche sur des pillards dans un marché, tuant au moins l'un d'entre eux. Un autre pillard s'est immédiatement emparé du sac à dos de la victime. Dans l'hôpital de campagne du quartier de Martissant, seuls quatre médecins étaient présents pour 400 patients. «L'hôpital déborde de monde et des dizaines de blessés et de malades attendent à la porte», souligne la Croix Rouge. Une cinquantaine de médecins expatriés sont attendus «mais pour certains, ce pourrait être trop tard». En dehors de la capitale, les destructions et le malheur des survivants paraissaient encore pire qu'à Port-au-Prince, notamment à Léogâne, une ville proche de l'épicentre du séisme où 90% des bâtiments ont été détruits, selon l'ONU. En visite à Port-au-Prince, où il a rencontré le président René Préval, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a lancé «Vous n'êtes pas seuls». «C'est une catastrophe digne d'un tsunami», a-t-il dit après avoir survolé en hélicoptère la capitale. Le Conseil de sécurité tenait hier une réunion spéciale consacrée à Haïti, jour où Bill Clinton, émissaire particulier de l'ONU pour ce pays, est attendu sur place. Parallèlement, Saint-Domingue accueillera une première réunion internationale destinée en principe à préparer la conférence des pays donateurs organisée le 25 janvier à Montréal. Les pays de l'Union européenne discutent, quant à eux d'une aide financière de plus de 100 millions d'euros pour aider Haïti.