Le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, restera finalement en exil après de longues et âpres tractations qui ont abouti à la signature, vendredi soir à Ouagadougou (Burkina Faso), d'un accord de sortie de crise en Guinée, ont rapporté hier les médias. Blessé à la tête après la tentative d'assassinat avortée dont il a été victime de la part de son aide de camp, Dadis Camara était hospitalisé depuis un mois au Maroc avant son arrivée inopinée à Ouagadougou à la fin de la semaine dernière. A l'issue d'une réunion qui a duré deux jours, le chef de la junte, le président intérimaire, le général Sékouba Konaté, et le médiateur dans la crise guinéenne, le président burkinabè Blaise Compaoré, ont signé ledit accord qui prévoit aussi la tenue d'une présidentielle dans «six mois». Les membres du Conseil national de transition, le chef de l'Etat de transition, les membres du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), le Premier ministre, les membres du gouvernement d'union nationale et les membres des Forces de défense et de sécurité en activité sont toutefois exclus de la course électorale, selon les termes de cet accord. Il est également prévu la «création d'un Conseil national de transition [CNT], organe politique délibérant, dirigé par une personnalité religieuse et composé de 101 membres représentant toutes les composantes de la société guinéenne», lit-on encore. Un gouvernement d'union nationale sera formé et dirigé par un Premier ministre issu du Forum des forces vives de Guinée. L'opposition a proposé deux noms pour le poste de Premier ministre, également président du Conseil des ministres, laissant le soin au président intérimaire Sékouba Konaté, de choisir l'un d'eux. Un mouvement de réforme touchera les forces de sécurité à l'origine du massacre de plus de 150 civils et du viol d'une centaine de femmes en septembre dernier à Conakry. Camara et quelques membres du CNDD ont été accusés de commanditer cette tuerie qui a plongé le pays dans une autre crise politique. Dans la foulée, la communauté internationale avait adopté de lourdes sanctions politiques, économiques et financières qui ont isolé la Guinée davantage, contraignant ainsi la junte à accepter une solution négociée. Le texte de l'accord ne précise toutefois pas si Camara resterait au Burkina Faso ou non. Pour le suivi de la période de transition, un représentant spécial sera désigné par le président burkinabé, le principal médiateur de cette crise guinéenne. La signature de cet accord a été saluée par de nombreux pays, dont la France, toujours très influente en Guinée, et par l'Union africaine et les membres de la Communauté économique de développement des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui enverra ses observateurs pour surveiller la prochaine élection présidentielle. L. M.