Le chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, arrivé mardi soir au Burkina Faso après avoir été hospitalisé plus d'un mois au Maroc, «poursuivra sa convalescence» à Ouagadougou, a indiqué hier le ministère burkinabé des Affaires étrangères. «Le président du Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd, junte) de la République de Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara, est arrivé hier (mardi) soir aux environs de 22h20 (locales et GMT) à Ouagadougou en provenance du Maroc», selon un texte transmis aux agences de presse. «On se souvient qu'après les événements du 3 décembre 2009, le président du Cndd avait été évacué au Maroc pour y recevoir des soins», est-il ajouté dans le communiqué où il est fait référence à la tentative d'assassinat du capitaine Camara par son propre aide de camp lors d'une dispute dans un camp militaire. «Après plus d'un mois de traitement, et compte tenu de l'évolution de son état de santé, Moussa Dadis Camara est arrivé à Ouagadougou y poursuivre sa convalescence», conclut le ministère, laissant ainsi entendre qu'il devrait rester un certain temps au Burkina Faso. Le chef de la junte, gravement blessé par balle à la tête, n'a fait aucun discours public depuis le 3 décembre. Interrogé pour savoir si le chef de la junte allait rester au Burkina ou s'il était seulement en transit vers un autre pays, une source à la présidence burkinabé avait répondu mardi soir: «On ne sait pas encore, c'est lui qui va nous (le) dire. Pour l'instant, il ne nous a rien dit» à ce sujet. Un éventuel retour du capitaine putschiste dans son pays suscite déjà de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale.Tout effort de la part de Dadis de retourner en Guinée nous préoccuperait, a très vite réagi à Washington un responsable du Département d'Etat. Les Etats-Unis réclament depuis des mois le départ de la junte et l'organisation d'un gouvernement de transition, qui serait chargé de préparer des élections démocratiques dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, premier exportateur mondial de bauxite. Sur ce dossier sensible, Paris est sur la même ligne que Washington. Le 22 décembre, devant l'Assemblée nationale française, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait souhaité «que M.Dadis Camara reste dans son lit au Maroc et non qu'il revienne» en Guinée «car il serait capable - rien que son retour - de déclencher une guerre civile et on n'en a pas besoin». Le 6 janvier, le président intérimaire, le général Sékouba Konaté, avait suscité un grand espoir de sortie de crise, se démarquant nettement du capitaine-putschiste. Il avait annoncé que le Premier minis-tre de la transition serait «issu de l'opposition» et «désigné par elle-même». Mais à ce jour, les opposants n'ont pas réussi à choisir une personne pour occuper ce poste stratégique avant l'organisation d'élections générales.