L'achat d'un bien immobilier est souvent l'opération et le rêve de toute une vie et c'est le cas pour les coopérateurs de la coopérative El Ihcène à Chéraga, bénéficiaires d'un projet immobilier, sis à Zaoua. Ces derniers ont vu leur rêve se transformer en cauchemar. En fait, pour les quelque 66 coopérateurs qui ont fait confiance à El Ihcène coopérative, le rêve de fouler enfin le sol d'un appartement a vite viré au pire cauchemar qui soit. Car l'immobilier est dans notre pays souvent synonyme de pratiques douteuses et de confusion pour les coopératives immobilières. «Nous avons mis toutes nos économies dans ce projet qui nous tenait tellement à cœur. Mais au bout du compte, c'est la désillusion», lâchent amèrement et hors d'eux, les coopérateurs. Ces derniers ont, en effet, vite déchanté. «Les logements ont été livrés alors que des travaux restent à effectuer, sans les commodités nécessaires; ils présentent d'importantes défectuosités et d'énormes défauts de construction…», s'indignent nos interlocuteurs munis de documents dont les contrats de coopérateurs. «En guise de logements, finis tels que stipulés par le contrat qui nous lie avec la coopérative El Ihcène, nous avons eu droit à des appartements mal construits, mal fagotés», ajoutent-ils, exaspérés par l'attitude du propriétaire de la coopérative. En tout, 66 logements ont été livrés dans un état qui laisse à désirer. Cela fait environ deux ans et demi qu'une partie des coopérateurs habite dans des logements inachevés, le reste attend toujours de pouvoir franchir le seuil de leurs maisons. «Sans compter les incartades du responsable de la coopérative El Ihcène, en l'occurrence Mohamed Kaoula, qui semble insatiable, à l'appétit gargantuesque, exigeant toujours plus d'argent prétextant à chaque fois de nouveaux travaux fictifs à effecteur», estiment nos interlocuteurs. «Du coup, disent-ils, le prix initial des appartements en question s'est vu multiplié par trois ou presque.» «Autrement dit, l'appartement de 182 millions centimes a grimpé à 550 millions de centimes», s'emportent les coopérateurs et d'ajouter : «Il y a de quoi devenir fou. Le propriétaire nous demande de payer le prix fort pour des logements inachevés et exige encore et toujours de l'argent pour terminer les travaux restants..., Mais rien n'est fait en contrepartie», lancent-ils. Selon eux, «les travaux n'avancent pas et les mêmes et nombreuses anomalies sont constatées au niveau des constructions. Les routes qui desservent la cité n'ont pas été réalisées alors que nous avons versé les sommes nécessaires pour le faire à la coopérative El Ihcène», poursuivent-t-ils encore. Ce qui est d'autant plus révoltant, expliquent les coopérateurs, c'est le comportement de M. Kaoula qui, selon eux, affiche «un mutisme sans pareil». Ainsi, disent-ils, «lorsqu'on proteste et qu'on demande des comptes auprès de lui, il nous rétorque : “Allez vous plaindre à qui vous voulez ; tous les responsables du secteur de l'habitat dont le ministre lui-même, me sont acquis”. Il nous traite de perturbateurs et de tous les noms…» Cela fait 12 ans que les coopérateurs ont misé sur ce projet immobilier, initié par la coopérative El Ihcène de Chéraga, plus d'une décennie qu'ils y ont cru… mais depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts… ! Mais, apparemment le responsable de la coopérative El Ihcène n'en est pas à sa première «irrégularité», affirment nos sources. Selon nos interlocuteurs, «Mohamed Kaoula semble faire fi de toutes les lois et de toute la réglementation». Il se dit «bien épaulé», «intouchable», «bien loti», selon les termes des coopérateurs. Ladite coopérative a lancé trois projets immobiliers, deux à Chéraga et un autre à Sebbala (El Achour), le même sort incertain est réservé aux bénéficiaires qui ne savent plus que faire. «En ce moment même, Mohamed Kaoula est en train de construire 210 logements à Sebbala, sans permis de construire et sans la moindre autorisation», apprend-t-on de source sûre. Pis, ledit propriétaire de la coopérative El Ihcène a même été destinataire en 2002 d'une mise en demeure mais qui ne semble apparemment pas le déranger. Il continue de construire dans un terrain «qui ne lui est pas acquis», apprend-on. Il est en train de «bluffer» les gens qui «n'ont d'autre choix que de s'accrocher à l'espoir», nous dit notre source. Quant aux malheureux citoyens en quête de logement, ils sont souvent tentés par une offre attractive et sont loin de se douter du cauchemar qui les attend au tournant. «Le propriétaire de la coopérative El Ihcène affiche des signes d'opulence et ne semble pas se soucier outre mesure des plaintes et de nos doléances», s'exclament les coopérateurs : «Nous avons demandé la tenue d'une assemblée générale pour voir le statut… chose qui a été refusée… Le propriétaire de la coopérative El Ihcène ne veut rien nous donner, ni acte définitif ni certificat de conformité… Il ne veut pas non plus nous dévoiler le bilan moral et financier… Il refuse de régulariser nos papiers…» indiquent les coopérateurs. Ces derniers ne s'expliquent pas, par ailleurs, le silence des autorités communales quant à ces affaires «douteuses»… «L'APC de Chéraga et celle d'El Achour ont été saisies pour faire la lumière sur les pratiques entachées d'arnaque et d'irrégularités de ladite coopérative» mais rien n'a été fait», s'étonnent nos interlocuteurs. Pourtant, précisent-ils, «le contrat de coopérateur stipule que les APC ont un droit de regard sur ces projets et doivent les suivre de près», ajoute-t-on. Pourquoi alors tout ce silence et cette impunité ? L'affaire est actuellement en justice. Les coopérateurs ne baissent pas les bras pour dénoncer «ces escroqueries à grande échelle». Ils comptent bien recouvrer leurs droits et ils font confiance à la justice algérienne pour le faire. Il y a lieu de préciser que nous avons essayé de contacter à plusieurs reprises le propriétaire de la coopérative El Ihcène mais en vain. A. B.