De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le mouvement associatif, qui active correctement sur le terrain dans la wilaya de Tizi Ouzou, n'a pas les moyens adéquats de réussir toutes les activités culturelles que ses animateurs voudraient programmer. Pour les rares associations, qui continuent à activer même sans l'aide de l'Etat et de sponsors privés et/ou publics, le mot d'ordre est et reste la débrouillardise, dans la mesure où les animateurs associatifs, qui tiennent malgré tout à activer et à servir la culture, se débrouillent comme ils peuvent pour trouver les moyens, pas uniquement financiers, pour activer et, surtout, réussir leurs activités. Il faut dire que les pouvoirs publics n'aident pas toutes les associations culturelles, pour des raisons objectives mais parfois subjectives. Les sommes octroyées sont tellement dérisoires qu'elles ne sont même pas suffisantes pour organiser une petite exposition. Ajoutez à cela la culture de sponsoring qui manque terriblement aux opérateurs économiques de la région qui n'ont pas encore appris à intégrer le marketing et le concept d'entreprise citoyenne dans la gestion économique de leurs entreprises. Mais de l'avis d'animateurs associatifs activant au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou depuis plusieurs années, les entraves les plus sérieuses que rencontre l'activité culturelle ne sont pas uniquement financières. Le manque de formation, l'absence du sens de partenariat et la perte de motivation sont autant d'écueils qui entravent l'activité culturelle sérieuse et qui empêchent sa promotion et son développement dans cette wilaya et même dans les autres wilayas. Comme El Hacene Metref, le président de la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (LADC) de la wilaya de Tizi Ouzou, qui n'aime pas trop s'attarder sur l'aspect financement des activités, dans la mesure où le festival des Raconte-Arts que son association organise depuis plusieurs années montre qu'«on peut faire de belles choses même avec peu de moyens». Selon lui, la jeunesse du mouvement associatif dans notre pays (à peine 20 ans d'existence) devrait amener les animateurs mais aussi les pouvoirs publics à penser à la formation des animateurs culturels et associatifs. La Commission européenne aide beaucoup d'associations en Algérie dans le domaine de la formation, notamment, et certaines d'entre elles sortent du lot en termes de qualité des activités proposées et de régularité. Les pouvoirs publics devraient plutôt aider ces associations, particulièrement celles qui proposent des projets d'utilité publique. D'où la nécessité de changer de comportement de part et d'autre, en transformant ce climat de méfiance et de défiance entre les associations et les autorités en un partenariat bénéfique pour tout le monde. «Les pouvoirs publics doivent aider ceux qui travaillent, ceux qui présentent des projets utiles, mais, d'un autre côté, les associations doivent s'impliquer de plus en plus et cesser d'être méfiantes à l'égard des autorités, et c'est comme cela que le sens de partenariat sera développé», dira El Hacène Metref qui prône un travail sans complexe et sans arrière-pensée, estimant, en outre, que les responsables de l'Etat devraient «arrêter de faire du social avec les associations et mettre en place une véritable politique». Notre interlocuteur ne manquera pas de relever le fossé énorme qui sépare le fonds de wilaya de Tizi Ouzou à ceux des autres wilayas du pays. «Quand le fonds de wilaya dispose d'une somme cinq fois moins importante dans une autre wilaya où il y a cinq fois moins d'associations, il y a problème et les pouvoirs publics devraient justement voir comment y remédier», dit encore le président de la ligue qui posera également le problème de siège que rencontrent les associations de la wilaya de Tizi Ouzou. De son côté, Rachid Khelouat, qui préside la fondation Cheikh El Hasnaoui, activant ces derniers temps dans le but de réhabiliter la maison natale du maître de la chanson de l'exil et la célébration du centenaire de sa naissance, pense que c'est la motivation dans le camp des animateurs culturels associatifs qui a pris un coup depuis quelques années à cause, notamment, des récupérations politiques subies par le mouvement associatif. «L'activité culturelle souffre également de l'absence de coordination entre les associations et les acteurs associatifs qui se contentent de manifestations occasionnelles au lieu d'un programme annuel bien établi», dit encore notre interlocuteur qui constate un recul même dans l'activité du fait aussi du recul du bénévolat parmi les animateurs culturels et associatifs, en particulier, et les jeunes, en général.