Le match Algérie-Nigeria a été riche en enseignements. Cette rencontre, considérée comme un simple match de prestige, nous a finalement révélé des aspects importants de notre sélection. Loin de l'euphorie générale qui a gagné, légitimement, les cœurs des Algériens, le devoir de la réflexion et l'objectivité de l'observation nous amènent à analyser sans passion les quelques dysfonctionnements constatés samedi dernier au sein notre équipe lors de ce match contre les Super Eagles. En effet, au cours de cette rencontre, qui s'est soldée par une défaite de l'Algérie, de nombreux joueurs, jusque-là simples remplaçants sur le banc, ont été titularisés par le coach Saadane et ce, afin de faire tourner l'effectif tout en testant pour l'occasion certains joueurs qui n'ont nullement bénéficié d'un temps de jeu suffisant lors des précédents matches des Verts. Le contexte se prêtait donc bel et bien à ces joueurs pour qu'ils prouvent enfin ce qu'ils «ont dans le ventre». A ce sujet, malheureusement, force était de constater que de Ziaya, Raho, Babouche en passant par Zaoui, seul le tonitruant Abdoun a donné réellement satisfaction. Très bon dans son placement sur le terrain, Abdoun a proposé de nombreuses solutions dans une partie où le rythme de jeu était lent. Débordant souvent sur les côtés, Abdoun était le seul de ces remplaçants à inquiéter des Nigérians visiblement sereins dans ce match où les Verts n'ont pas su mettre un peu de leur cœur ou de leur fougue. Ainsi, de ce match terne de nombreux techniciens ont retenu une très modeste, pour ne pas dire faible, prestation des éléments du banc de touche de la sélection nationale. Et cela n'est guère un bon indicateur pour une équipe qui va disputer le Mondial dans moins de cinq mois. En défense, Reda Babouche s'est illustré par un début de match très contrasté entre quelques bonnes interventions défensives, des tentatives de débordement, mais aussi quelques oublis dans le repli. En plus, il n'a guère pu animer le couloir gauche comme le faisait son coéquipier Belhadj qui assumait beaucoup mieux que lui son rôle de latéral gauche. Faible techniquement, il n'a nullement fait preuve d'une bonne lecture du jeu. C'est dire donc qu'il ne peut guère être considéré comme un successeur légitime de Belhadj. Cela a été le cas également de Slimane Raho, qui, mis à part son bon retour à la 10e minute pour bloquer la seule véritable occasion nigériane en première période, n'a guère convaincu dans ce couloir droit où les Nigérians se sont baladés à de nombreuses reprises. D'autre part, sur l'unique but nigérian qui fait suite à un exploit individuel d'Obinna, peu avant l'heure de jeu, devant trois défenseurs algériens, Raho et Babouche ont commis une grave erreur tactique en oubliant de se replier sur leurs côtés en vue de faire barrage à toute pénétration nigériane. Des observateurs avertis ont également noté le travail défensif minimum de Samir Zaoui face à des attaquants nigérians, paradoxalement peu incisifs lors de ce match. Par conséquent, la performance sans relief de ces trois défenseurs, tous des joueurs du championnat local, démontre on ne peut plus clairement qu'ils ne peuvent en aucun cas remplacer des titulaires comme Halliche, Antar Yahia ou Bougherra. Idem pour l'attaque où Ziaya, considéré pourtant comme jeune espoir du football national, n'a même pas pu s'échapper des multiples situations de hors jeu dans lesquels les défenseurs nigérians l'ont piégé. Un tel amateurisme ne correspond aucunement aux exigences du haut niveau. Que peut-on donc tirer comme leçons de ce match ? Incontestablement, il est indispensable de revoir le banc de touche de la sélection nationale car sa composante actuelle ne donne pas satisfaction. A la moindre blessure des titulaires, l'Algérie serait dans de «sales draps» si elle venait à puiser dans ses actuels remplaçants. Trop déstructuré, non conforme aux standards internationaux dans son organisation, niveau de jeu très faible, notre championnat ne pourra certainement pas fournir de nouveaux joueurs à la sélection nationale. Le salut vient donc des championnats européens où plusieurs joueurs d'origine algérienne continuent à s'illustrer. Des attaquants comme Soltani (Pays-Bas), Benyamina (Allemagne) ou Kerrouche (Portugal), Lacen (Espagne), Djebbour (Grèce) et Chakouri (Belgique) sont à même d'apporter ce plus qui fait défaut au compartiment offensif de l'équipe. A quelques mois du Mondial, Saadane pensera sans aucun doute à revoir la sélection de plusieurs joueurs. Les performances de l'équipe nationale seront à coup sûr déterminées par cet important volet. A. S.