En dépit de leur défaite en finale face aux très expérimentés Egyptiens, les joueurs ghanéens ont épaté tous les observateurs du football africain durant cette CAN angolaise. «Nous avons découvert un nouveau groupe. En l'absence de cinq ou six cadres de l'équipe, ces jeunes sont allés très, très loin. Nous avons une bonne relève, de bons jeunes joueurs», ont lancé à l'unanimité les techniciens ghanéens. Certes, au goût de certains, les joueurs ghanéens étaient trop jeunes. Ils ont en majorité moins de 20 ans et manquaient d'expérience pour la haute compétition, même s'ils venaient de gagner la Coupe du monde des moins de 20 ans en Egypte. En plus, le capitaine Stephen Appiah, le capitaine adjoint John Mensah, John Paintsil, Anthony Annan, le milieu de terrain Michael Essien, Sulley Muntari et Laryea Kingson n'étaient pas de la partie pour cause de blessure. Au départ, tout indiquait que le Ghana ne fera pas long feu lors de cette CAN. Or, ce pronostic a été rapidement démenti par les jeunes «Black Stars», qui, sous la conduite du coach serbe Milovan Rajevac ont su mettre en place un système de jeu intelligent qui les a conduits en finale où ils ont perdu uniquement par manque d'expérience. En effet, le monde entier a vu comment la jeune relève symbolisée par André Ayew, Samuel Inkoom, Lee Addy, Emmanuel Agyemang Badu et Agyemang Opoku a brillé par ses dribbles magiques, ses beaux gestes techniques et ses attaques percutantes. Ayew a été l'un des protagonistes de la dernière Coupe du monde U-20 de la FIFA. Auteur du but de la victoire face au Burkina Faso, le fils du légendaire Abedi Pelé résume parfaitement l'esprit de l'équipe : «Nous prenons beaucoup de plaisir à jouer. Je pense que nous avons réussi un excellent tournoi jusque-là. Les gars ont faim. On leur a donné une opportunité, ils l'ont saisie.» Impressionnants de sang-froid après quelques ratés en début de compétition, les jeunots du Ghana ont gagné incontestablement au cours de la CAN angolaise la maturité indispensable pour le reste de leur parcours. Par conséquent, la confiance placée par Rajevac dans la jeune génération du football ghanéen permettra au Ghana de compter sur un groupe plus expérimenté l'été prochain, en Coupe du monde de la FIFA. «Ces garçons sont en train de réaliser quelque chose d'énorme, déclarait le sélectionneur après la victoire (1-0) en demi-finale contre le Nigeria. Ils ont dépassé toutes les attentes. Il ne faut pas oublier que cette équipe est encore jeune. La plupart des joueurs sont ici pour apprendre. Dans l'ensemble, ils ont progressé depuis le début du tournoi. Ils ont découvert et appris à gérer les exigences du haut niveau international. C'est une expérience inestimable.» Le technicien serbe ne s'est guère trompé de diagnostic. Grâce à ses choix, le football ghanéen retrouve sa fraîcheur légendaire à l'heure où certaines sélections africaines confient leur attaque à des joueurs de 33 ans ! A souligner enfin que le Ghana, la première équipe africaine à avoir remporté une médaille olympique, celle de bronze en Espagne en 1992, connaît aujourd'hui sa consécration grâce à la prolifération de nombreuses écoles de football dénommées «Soccer Academies». Certaines de ces écoles sont financées par des clubs européens : le club néerlandais, l'Ajax d'Amsterdam, s'est associé avec l'Obuasi Goldfields pour ouvrir une école ; Feyenoord de Rotterdam a construit l'école de football de Gomoa Fetteh. Les professionnels ghanéens, notamment Abedi Pele, Mohammed Polo et Ibrahim Sunday ont tous ouvert des écoles où ils forment de futures stars du football. En axant sur la formation des jeunes talents, le Ghana cueille aujourd'hui les fruits de sa politique sportive. Une politique dont devra s'inspirer des pays comme l'Algérie s'ils veulent réellement s'inviter dans la cour des grandes nations du football. A. S.