Quelle magie que celle que peut offrir un sport, notamment le football ! Et il suffit de voir l'exploit –et c'en est un- de l'équipe nationale pour s'en rendre compte. Il est vrai que les Verts n'ont pas gagné la Coupe d'Afrique. Il est aussi difficile de croire que le onze national parviendra à la finale de la Coupe du monde. Mais les protégés de Saadane ont quand même rempli leur mission : celle de rendre un peuple heureux. Et Dieu seul sait combien ce peuple algérien a souffert des années durant.Les puristes diront que les coéquipiers de Meghni n'ont pas marqué beaucoup de buts. Ou encore que les Verts n'ont pas gagné beaucoup de matches ou ont, parfois, mal joué. Tout cela est à peu près vrai. C'est une réalité. Sauf qu'avant d'aborder un tel sujet, il faudrait remettre les choses dans leur contexte. Et le contexte est avant tout que le parcours effectué par cette équipe ne ressemble à aucun autre des seize pays qualifiés à la Coupe d'Afrique des nations ou à la Coupe du monde. L'être humain est, certes, oublieux. Mais il faut tout de même rappeler certaines évidences. Eh oui, il ne faut jamais oublier qu'il y a tout juste une année, personne –ou presque- ne croyait en cette équipe. Pis, beaucoup d'Algériens, parmi lesquels on trouve de nombreux journalistes, vilipendaient ces jeunes sans qu'on leur donne la possibilité de montrer de quoi il étaient capables. Ya-t-il meilleur exploit que d'arriver au carré d'as de la plus prestigieuse des compétitions africaines ? Il est facile, en effet, de dire le contraire aujourd'hui que l'espoir est plus que jamais permis. Mais il faut juste rappeler qu'il y a à peine quelques mois l'objectif du sélectionneur national était tout juste de se qualifier à… la CAN. Aujourd'hui, les camarades de l'excellent Ziani ne se sont pas contentés de cette petite ambition. Après avoir raté deux Coupes d'Afrique, ils ne se sont pas limités à se qualifier à celle de cette année, mais ils sont allés plus loin. Ils sont allés jusqu'à bousculer l'ordre établi et à se frayer un chemin parmi les ténors du continent. Et sans cette bêtise de l'arbitre des demi-finales, le résultat aurait pu être beaucoup plus éloquent. Mais plus que la qualification à la CAN, les Verts nous ont offert une cerise sur le gâteau : l'Algérie revient parmi les 32 pays qualifiés en Coupe du monde de football. Et la performance n'est pas volée. Elle est méritée, car arrachée de haute lutte.Cela n'est ni le fruit du hasard ni, malheureusement, le produit d'un développement du football national. Cet exploit, on le doit d'abord à la ténacité et à la rigueur d'un groupe de jeunes, formés dans de grands championnats européens (la palme revient au championnat français) et pétris de qualités sportives et morales. Ces jeunes, qui ont pour nom Bougherra, Anther, Ziani, ou encore Mansouri ou Meghni et tous leurs coéquipiers, ont une autre caractéristique : ils aiment leur pays. La preuve est donnée sur le terrain, puisque ces joueurs se surpassent souvent malgré l'adversité. De plus, il faut bien sûr mentionner que la Fédération algérienne de football, en plus de l'Etat, a mis les moyens qu'il faut à la disposition de la sélection pour former un groupe qui représente l'Algérie qui gagne. Cette Algérie dont rêvent des millions de jeunes qui n'ont l'habitude de voir que le mépris, le désespoir et le chômage. La flamme de l'espoir est, à présent, rallumée. Charge à nous de la maintenir ainsi. A. B.