Injuste, injustifiée et discriminatoire, tels sont les qualificatifs utilisés par M. Farouk Ksentini, président de la Commission consultative nationale de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) pour désigner l'inscription de l'Algérie sur la liste des pays dits à risque. L'inscription de l'Algérie sur une liste de pays dont les citoyens sont soumis à des mesures spécifiques de contrôle est une décision «injuste» et qui «n'est pas justifiée», a affirmé hier M. Farouk Ksentini sur les ondes de la radio Chaîne III. «Cette décision est injuste, elle n'est pas justifiée du tout et elle est discriminatoire à l'égard de l'Algérie. C'est ce que je regrette énormément et que je trouve parfaitement inadmissible», a estimé M. Ksentini. Emboîtant le pas aux différents membres du gouvernement qui ont déjà eu à s'exprimer sur cette question, M. Ksentini rappellera que «l'Algérie est le pays qui a le plus combattu le terrorisme dans le monde et dans l'histoire» depuis une vingtaine d'années. Le président de la CNCPPDH a exprimé son étonnement de voir l'Algérie considérée encore comme un pays «susceptible d'exporter le terrorisme». «En dépit de tous les efforts consentis par les services de sécurité et du fait qu'ils sont arrivés à bout de ce phénomène, on nous considère encore comme un pays susceptible d'exporter du terrorisme et susceptible lui-même de complaisance à l'égard du terrorisme», a-t-il dit, relevant que «tout cela est injuste, ne correspond à aucune réalité et participe à une mauvaise analyse des pays concernés». Rappelons que le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, avait déclaré, la veille lors de la séance de clôture de la session d'automne des deux chambres du Parlement, que l'Algérie devrait appliquer les mesures de réciprocité. «Vous connaissez nos positions. Si réellement c'est nécessaire, nous devrions appliquer les mesures de réciprocité», avait averti M. Zerhouni. «Nous ne connaissons pas encore le contenu de ces mesures», a souligné le ministre, précisant que ce dossier est «traité actuellement par le ministère des Affaires étrangères». Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, avait récemment qualifié d' «inacceptable» la décision américaine de placer l'Algérie sur une liste de pays, dont les ressortissants sont soumis à des mesures spécifiques de contrôle vers ou à partir des points d'entrée aériens américains. Rappelons aussi que la sous-secrétaire adjointe américaine chargée des affaires du Proche-Orient au département d'Etat, Mme Janet Sanderson, en visite en Algérie au mois de janvier, avait déclaré que «ces nouvelles mesures entrent dans le cadre d'un processus qui peut changer». Mme Sanderson avait souligné que son pays «s'est engagé à poursuivre des discussions avec l'Algérie sur cette question», affirmant que «ces mesures peuvent être changées». «Mon gouvernement a pris note de l'avis du gouvernement algérien, nous vous avons entendus», avait-elle indiqué, soulignant que l'Algérie et les Etats-Unis sont liés par de «bonnes relations». R. I.