Les mesures de sécurité imposées par la France et les Etats-Unis aux Algériens, sont rejetées par Me Ksentini. Yazid Zerhouni et Farouk Ksentini, même combat. L'opposition aux nouvelles mesures appliquées aux citoyens algériens dans les aéroports américains rassemble les deux hommes. Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh) partage l'avis du ministre de l'Intérieur. «Je suis extrêmement favorable pour l'application des mesures de réciprocité», a indiqué Ksentini qui s'exprimai hier sur les ondes de la Radio nationale. Maître Ksentini a vivement dénoncé le classement de l'Algérie dans la liste noire, la considérant comme un pays à haut risque. «Ces mesures sont injustes, discriminatoires et ne sont pas justifiées», a-t-il dit. Il condamne avec fermeté cette décision. «Je trouve que c'est inadmissible parce que l'Algérie est le pays qui a peut-être combattu le plus le terrorisme dans le monde, depuis 20 ans», a-t-il expliqué. Le président de la Cncppdh a exprimé son étonnement de voir l'Algérie considérée encore comme un pays «susceptible d'exporter le terrorisme». «En dépit de tous les efforts consentis par les services de sécurité et du fait qu'ils soient arrivés à bout de ce phénomène, on nous considère encore comme pays susceptible d'exporter du terrorisme et susceptible de complaisance à l'égard du terrorisme», a-t-il déploré. «Cela est injuste et ne correspond à aucune réalité et participe à une mauvaise analyse des pays concernés», dit-il. M.Farouk Ksentini a affirmé avoir saisi l'ambassadeur des Etats-Unis sur cette question. La sortie médiatique de M.Ksentini intervient au lendemain de la déclaration du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, lequel a affirmé que l'Algérie devrait appliquer le principe de réciprocité. «Vous connaissez nos positions. Si réellement c'est nécessaire, nous devrions appliquer le principe de réciprocité», avait indiqué M.Zerhouni en marge de la cérémonie de clôture de la session d'automne du Conseil de la nation, tenue mardi dernier. Les propos de M.Zerhouni sonnent comme une mise en garde à l'encontre de Washington et de Paris. Le président de la Cncppdh s'est également exprimé au sujet du débat sur l'identité nationale qui agite actuellement la France. «Il faut que cela s'arrête. Cela participe d'une haine contre l'Islam», s'est-il indigné. Il qualifie l'interdiction de la burqa de mesure drastique. Concernant le rapport portant sur la situation des droits de l'homme en Algérie, l'invité de la Chaîne III a annoncé qu'il sera remis au président de la République avant le 31 mars prochain. Ce rapport fait ressortir la situation critique du secteur de la santé. «Il y a une inégalité dans la qualité des soins au niveau des hôpitaux», a-t-il constaté. Des retards, des insuffisances et des négligences ont été relevés dans le rapport sur la situation des hôpitaux. M.Ksentini assure qu'il ne vise aucune partie dans ce rapport, mais il considère que c'est une critique constructive. «Il n'est pas question de tirer sur qui que ce soit», a-t-il martelé. Interpellé sur les revendications du personnel de la santé, il dit qu'«il faut apporter satisfaction aux revendications des praticiens de la santé». L'invité de la Chaîne III a mis l'accent sur l'ouverture d'un dialogue entre les deux parties (syndicat- ministère Ndlr) pour trouver des solutions de façon à améliorer le fonctionnement des hôpitaux. «Il n'y a pas seulement urgence, mais extrême urgence. Il faut remédier immédiatement à ces insuffisances d'autant plus que les solutions sont à notre portée», a-t-il insisté. M.Ksentini constate que la situation globale des droits de l'homme n'est pas reluisante mais qu'elle ne cesse de s'améliorer. Evoquant les rapports critiques des ONG, le président du Cncppdh pense qu'ils ne sont pas une référence. Il a reconnu que les rapports entre l'administration et les administrés ne sont pas équilibrés. «Il y a une tendance fâcheuse à mépriser quelque part les citoyens, lesquels accusent l'administration de tous les maux», a-t-il relevé. Pour Maître Ksentini, il faut qu'ils soient rééquilibrés et basés sur le respect mutuel.