Le dernier rapport de la Commission nationale consultative de promotion des droits de l'Homme (CNCPDH), qui sera présenté au premier magistrat du pays avant le 31 mars prochain, devra apporter de l'eau au moulin des syndicats autonomes de santé publique. Le nouveau rapport constate de graves disparités dans l'accès aux soins entre les populations du Sud et du Nord du pays, a révélé hier sur les ondes de la chaîne III maître Farouk Ksentini, président de la CNCPDH. Ce rapport accablant est le résultat d'enquêtes menées par les membres de cette commission consultative dans 85 établissements hospitaliers répartis sur onze wilayas du pays. Il vient conforter les revendications socioprofessionnelles soulevées par les syndicats autonomes de la santé publique. «Il faut apporter satisfaction aux revendications du personnel de la santé», lance maître Farouk Ksentini. Et d'enchaîner : «Il y a des disparités et des inégalités dans la répartition géographique et dans la qualité des soins entre le Sud et le Nord du pays. Nous avons relevé des insuffisances et des retards. Il s'agit de constat fait sur le terrain par des personnes objectives». Le rapport évoque surtout les graves négligences dans les services d'urgence et les lamentables conditions de travail pour les personnels de la santé. «Il y a extrême urgence à intervenir. Il faut remédier immédiatement à ces insuffisances sans la moindre hésitation. Tout cela est à notre portée. Cette situation a été héritée par deux décennies d'inertie», affirme le même intervenant. La CNCPDH veut ouvrir un débat national pour améliorer le secteur de la santé publique. «Il faut ouvrir un dialogue. Nous ne sommes pas en contradiction avec les revendications des personnels de la santé. Des revendications légitimes», a-t-il soutenu. Il ajoute que ce rapport interpelle les pouvoirs publics pour introduire de nouvelles réformes dans la santé publique en Algérie. Ce nouveau rapport intervient au moment où de nombreux syndicats autonomes de la santé publique mènent des mouvements de contestation pour exiger l'amélioration des conditions de travail dans les établissements hospitaliers. La grève ouverte des praticiens de la santé est à sa sixième semaine alors que celle initiée par les spécialistes est à sa quatrième semaine. Ces débrayages ont eu des conséquences sur la qualité du service au niveau des différentes structures de santé publique. Questionné sur la nouvelle décision des USA et de la France d'inscrire l'Algérie sur la «liste noire» de 14 pays dont les citoyens sont désormais soumis à des contrôles supplémentaires, après la tentative d'attentat le 25 décembre sur un avion de ligne américain, maître Ksentini a qualifié cette mesure d'«injuste», «non justifiée» et «discriminatoire». «L'Algérie est le pays qui a payé le plus pour combattre le terrorisme», s'insurge l'intervenant. Sur sa lancée, il a soutenu le recours à des mesures de réciprocité «si c'est nécessaire» envers les pays occidentaux qui ont inscrit l'Algérie sur une liste de pays à risque dont les voyageurs subiront des contrôles spécifiques. «Cette décision des pays occidentaux de porter l'Algérie sur cette liste noire est attentatoire à la dignité humaine. Elle est surtout injustifiée. Je suis extrêmement favorable aux mesures de réciprocité», déclare le même intervenant. Dans un autre registre le président de la CNCPPDH a vivement critiqué les rapports des ONG sur l'Algérie tout en estimant que ces organisations ne sont pas une référence. «Ce ne sont pas des références absolues. Nous n'avons pas à nous imprégner d'un quelconque complexe», a signalé le même responsable. Il voulait ainsi se défendre des accusations de complaisance apparues dans les derniers rapports de plusieurs ONG internationale sur la situation des droits de l'Homme en Algérie. En juin dernier, l'ONU a dénoncé la dépendance de la CNCPPDH envers le pouvoir politique.