«La grève qu'on a tenue depuis trois jours est une réussite. Notre objectif n'était pas de faire du chiffre mais de casser le mur du silence qui règne sur le monde syndical et le secteur de l'éducation depuis la grève de 21 jours», se réjouissait hier le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE). M. Abdelkrim Boudjenah, lors d'une conférence de presse organisée au siège national du syndicat, donne quand même un bilan chiffré du suivi du mouvement de protestation au niveau national. Selon lui, le taux de participation, 25% au premier jour de la grève, a atteint 67% hier. «La mobilisation a différé d'une région à une autre. Le suivi de la grève était plus conséquent au niveau des wilayas de l'intérieur. Dans certaines, on a enregistré des taux avoisinant les 90% et quelques établissement scolaires ont carrément été paralysés», poursuit-il, dénonçant les entraves au travail syndical perpétrées par certains responsables du secteur de l'éducation et les «tentatives des casser le mouvement» par d'autres syndicats de l'éducation. «Des instructions ont été données par les pouvoirs publics pour faire capoter la grève. Sinon comment expliquer que des directeurs de l'éducation et des inspecteurs soient descendus sur le terrain, au niveau des établissements, pour intimider les directeurs des et les grévistes ? Certains ont carrément été interdits de pénétrer à l'intérieur des établissements», a-t-il précisé. M. Boudjenah a également dénoncé les agissements d'un certain syndicat (en l'occurrence l'UNPEF) d'avoir tenté de mettre un terme au mouvement de grève ordonné par le SNTE en distribuant de faux documents estampillés SNTE et en instrumentalisant un ancien membre du syndicat dans cette optique. «De toute les façons, on a déposé une plainte contre cet individu et la justice devra statuer sur cette affaire», a-t-il informé. Toujours sur le volet dénonciation, il a expliqué qu'un amalgame occasionné par la similitude des sigles a créé un quiproquo au niveau des grévistes : «La Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (affiliée à l'UGTA) a transmis un communiqué via la télévision nationale annonçant la fin de la grève. Et comme FNTE et SNTE sonnent pareil, certains grévistes sont tombés dans le piège.» Devant toutes ces mésaventures, le SG du SNTE a dénoncé les entraves au travail syndical. «Si cela continue, nous allons prendre attache avec les instances internationale comme le Bureau international du travail (BIT) et l'Internationale syndicale. On n'a jamais pensé à le faire, mais on va dénoncer notre pays à l'étranger», menace-t-il. Sur les conséquences de la grève de quatre jours qui a pris acte depuis le 31 janvier, M. Boudjenah donne trois raisons pour conclure que le mouvement est une réussite. «D'abord, on a réussi à casser le silence qui a caractérisé la scène syndicale de la grèves de 21 jours. Preuve en est, les annonces faites par certains syndicats de recourir à la grève comme dans le secteur de la santé. Ensuite, le ministre a annoncé ce matin sur les ondes de la radio la révision du point indiciaire. Et finalement, le SNTE a prouvé son poids au niveau syndical. Il ne faut pas oublier que nous avons mené seuls le mouvement. On ne s'est caché derrière aucun autre syndicat», se félicite M. Boudjenah, qui annonce que la grève est suspendue jusqu'à la tenue du conseil national extraordinaire du syndicat la semaine prochaine : «La grève sera certainement reconduite. On va décider prochainement de la manière de protester en délimitant la durée de la grève, passer au sit-in devant le ministère de l'Education ou carrément investir la rue.» Rappelons que l'essentiel des revendications du syndicat a trait à la révision du système de retraite, du système de rémunération et des statuts particuliers des travailleurs. S. A.