Photo : M. Hacène Par Amar Rafa La mise en place de tribunaux spéciaux, à l'instar des cours spéciales créées pour juger les terroristes, est vivement réclamée par le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, afin de lutter efficacement contre la corruption, un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur dans notre société. Lors d'une conférence de presse, M. Touati, qui a plaidé pour des lois plus coercitives et des pouvoirs élargis aux procureurs de la République pour s'autosaisir des affaires de corruption, n'a pas mâché ses mots pour dénoncer les auteurs de malversations et de détournement de deniers publics, évoquant avec nostalgie la période où les voleurs étaient exécutés. En abordant la cascade de scandales financiers, Moussa Touati s'est interrogé sur l'absence de mécanismes de rétorsion à ce fléau, avant de rappeler que, depuis l'éclatement de l'affaire Khalifa son parti a appelé à mettre fin aux lois permissives qui nous ont été imposées au cours de la décennie où le pays était endetté. Il réitérera, en outre, l'implication de la société civile dans cette lutte contre les auteurs de dilapidation, car touchant aux biens des générations futures. Pour l'orateur, il est temps de mettre le holà à la situation actuelle, qui montre un phénomène aux multiples facettes, notamment depuis les sénatoriales, qui ont révélé des pratiques douteuses d'achat des voix et de corruption. Car, cela résulte d'après ses dires, d'«une lutte politique». «Nous pouvons affirmer qu'il s'agit indirectement, de règlements de comptes», a-t-il affirmé. M. Touati, qui s'est insurgé contre les images de personnes brûlant l'emblème national diffusées par une télévision d'Etat égyptienne, sans qu'il n'y ait de réponse de la part de nos autorités, a indiqué qu'il est admissible que l'on garde le silence et que des contrats économiques liant les deux pays n'aient pas été résiliés. Cela témoigne de «la présence d'intérêts particuliers entre les tenants des régimes algérien et égyptien», a-t-il affirmé, ajoutant que «les intérêts des deux régimes convergent, ce qui expliquerait la non-rupture des contrats économiques». Pour lui, les luttes de clans en haut de la pyramide de l'Etat ont pour enjeu la domination, n'hésitant pas à qualifier les divergences d'intérêt entre gouvernants de «jeu d'échecs». En réponse aux déclarations du ministre de l'Energie à travers lesquelles il s'est disculpé dans le scandale financier qui a secoué Sonatrach, le président du FNA a indiqué que «le ministre ne s'intéresse pas à l'avenir des futures générations» et, par conséquent, il a une vision différente de la sienne, a-t-il poursuivi. Qui en est responsable ? Tout Algérien est responsable de ces scandales tant qu'il ne dénonce pas les auteurs de malversations et ne s'implique pas dans la lutte contre ce fléau, dira M. Touati, qui ajoutera que si tous les problèmes étaient pris en charge convenablement on serait dans une autre logique. Insistant encore une fois sur la lutte contre les maux sociaux, il a argué que cette situation est à l'origine du phénomène de l'abstention lors des élections locales passées durant lesquelles le taux de participation réel des électeurs n'a pas dépassé 19%, même si le taux officiel avoisinait 35%, et est un indicateur que 70% des Algériens se sont dissociés de leur Etat. Aussi, Moussa Touati prédit que personne ne votera lors des échéances de 2012, car tout le monde demandera à être payé en retour. D'où les appréhensions du FNA, selon M. Touati. Le FNA peut-il retirer ses députés de l'APN ? «Si l'on retire la vingtaine de députés de notre parti, l'APN ne vas s'écrouler, alors, vaut mieux garder un œil à l'intérieur du Parlement», a expliqué le président du FNA, avant d'avouer, que «nos parlementaires sont en train d'acquérir de l'expérience et d'apprendre la culture de l'opposition». Auparavant, Moussa Touati, qui est revenu sur l'expérience des sénatoriales, a, tout en révélant que le parti n'a pas atteint ses objectifs et n'a obtenu que 2 sièges sur les 5 prévus, a mis en cause l'indiscipline de certains candidats et indiqué que lors des élections de 2012 ne sera candidat que celui se conformera à la discipline du parti.