Devant l'intransigeance des Occidentaux, l'Iran décide de jouer en solo. Le président Ahmadinejad a ordonné le démarrage de la production d'uranium hautement enrichi dans son pays. Après un interminable bras de fer avec les grandes puissances, Téhéran montre son exaspération et passe à l'acte. Le président iranien a particulièrement fustigé le «jeu» des Occidentaux, les accusant de mauvaise foi. Le durcissement du ton était déjà dans l'air à Téhéran. Samedi dernier, le président du Parlement Ali Laridjani a accusé les Occidentaux de vouloir «tromper l'Iran». L'enrichissement de l'uranium est depuis plusieurs années une véritable pierre d'achoppement entre l'Iran et ses contradicteurs. Pour certaines puissances, la République islamique veut absolument se doter de l'arme nucléaire sous le couvert de programme civil. Les démentis réitérés de Téhéran n'y changeront rien. Le traitement particulièrement partial dans la région (le cas israélien) consolide le caractère belliciste des Occidentaux vis-à-vis de l'Iran. Les Iraniens restent constamment dans la ligne de mire. «Maintenant, Dr Salehi, commencez à produire de l'uranium [enrichi] à 20% avec nos centrifugeuses», a ordonné Ahmadinejad dans son allocution en s'adressant au chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) Ali Akbar Salehi présent à ses côtés. Le président Ahmadinejad ne fait qu'appliquer ce qu'il avait déjà annoncé début décembre. Si les grandes puissances refusaient de jouer le jeu, l'Iran produirait de l'uranium à 20%, dont il a besoin pour son réacteur de recherche médicale à Téhéran. L'Iran et les Occidentaux n'arrivent pas à trouver un terrain d'entente sur le controversé rogramme nucléaire iranien. En novembre, l'Iran rejette une proposition soumise le 21 octobre par le groupe des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur l'envoi, en une seule livraison, de la plus grande partie de son stock d'uranium faiblement enrichi en Russie et en France pour y être transformé. Les Iraniens, préférant un échange par étapes, fixent en retour un ultimatum aux Six à fin janvier. Téhéran, sous la menace de nouvelles sanctions par le groupe des Six, avait semblé assouplir sa position au cours des dernières semaines. Sans surprise, les Six ont réagi avec méfiance, demandant à l'Iran de «traduire sa parole en actes» par une contre-proposition formelle à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Fin août, l'Agence de Vienne indiquait que l'Iran avait installé 8 308 centrifugeuses, soit un millier de plus depuis juin. En septembre, l'Iran annonce disposer d'une nouvelle génération de centrifugeuses plus performantes. Après la nouvelle décision des Iraniens, le bras de fer risque de s'exacerber. «La porte reste ouverte aux discussions, nous ne l'avons pas fermée», a néanmoins affirmé Ahmadinejad, insistant sur le refus des conditionnalités préalables. M. B.