L'un des dossiers qui empoisonne les relations algéro-françaises depuis des mois est en phase de connaître son épilogue. Le parquet de Paris a en effet requis un non-lieu en faveur du diplomate algérien Mohamed-Ziane Hasseni, un temps soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de l'avocat franco-algérien, Ali-André Mecili en 1987. C'est une petite victoire pour ce «talentueux diplomate», pour reprendre les termes de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères. Une «petite victoire», parce que, si le procureur a requis le non-lieu, il faudra tout de même attendre la décision du juge qui devra se prononcer définitivement sur l'affaire dans les prochains jours. Même s'il faut le dire dès maintenant, l'issue du procès est presque scellée puisque la majorité des soupçons qui ont pesé jusque-là sur le diplomate algérien sont tombés l'un après l'autre. A commencer par cette histoire d'homonymie qui a constitué dès le début de cette affaire, en août 2008, l'épine dorsale du dossier. Le principal témoin, à savoir l'ancien officier des services secrets algériens, Mohamed Samraoui, a fini par au moins douter de ses affirmations précédentes. Un temps, ce militaire, réfugié en Allemagne, était «presque sûr» que Mohamed-Ziane Hasseni était le commanditaire de l'assassinat de l'avocat opposant au régime algérien de l'époque. Mais, au fil des jours, et notamment suite à une confrontation par visioconférence depuis son lieu de résidence en Allemagne, Samraoui est revenu sur ses «certitudes» et déclare ne pas être «vraiment sûr» de ce qu'il avait avancé. Autrement dit que Mohamed-Ziane Hasseni et le colonel Rachid Hassani, (le véritable suspect) sont deux personnes différentes. C'est cette confusion dans les transcriptions qui a d'ailleurs posé problème au début de cette affaire. Sûr de son innocence, alors qu'il a été presque humilié lors de son arrestation le 14 août 2008 à Marseille par la police française, le directeur du protocole au ministère des Affaires étrangères algérien, Mohamed-Ziane Hasseni, s'est plié à presque toutes les exigences de la justice française. Y compris lorsqu'on lui a demandé de se soumettre à un test ADN. Pendant que la justice «fait son travail», pour paraphraser les officiels parisiens, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont envenimées. «C'est une prise d'otage», a fini par pester le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, lors d'une conférence de presse. Faute de preuves, la justice française a tout de même fini par lever le contrôle judiciaire imposé au diplomate algérien. Mais Hasseni, soucieux de lever tous les soupçons qui le poursuivent, a décidé de rester en France pour prouver son innocence. Sans doute très heureux de la fin proche de son inculpation, Hasseni devra en revanche s'armer de patience avant une décision définitive du juge d'instruction Alain Philibeaux en charge du dossier. Mais, d'ores et déjà, l'avocat du diplomate, M. Jean-Louis Pelletier, s'est dit confiant : «La preuve de la culpabilité de M. Hasseni n'a pas été apportée, trop de doutes subsistent», a-t-il estimé. A. B.