Si la production céréalière a été exceptionnelle cette année, tirant ainsi la croissance hors hydrocarbures du pays vers le haut, la filière de la tomate industrielle, elle, souffre toujours malgré le potentiel énorme qui existe en Algérie. Ce constat amer a été dressé hier par Mohamed Chérif Ould El Hocine, président de la Chambre nationale d'agriculture lors de son passage sur les ondes de la radio nationale. Selon les propos de l'invité de la Chaîne III, les importations massives de double et de triple concentré de tomate menacent sérieusement cette filière en Algérie. En dix ans, elle a perdu 25 000 hectares de surface cultivable. «On est passé de 32 000 hectares à 7 000 hectares. On est revenu à partir de 2008 à 17 000 ha. Il ne faut pas qu'on revienne en arrière. Il y a divergence entre ceux qui produisent la tomate industrielle et ceux qui la transforment. Il y a également les importations massives de triple et double concentré de tomate qui perturbent toute la filière», a tenu à préciser M. Ould El Hocine. Selon lui, cette filière connaît d'importanpertes d'emplois, notamment dans les wilayas de l'Est du pays comme Annaba, El Tarf et Guelma. Des pertes estimées à près de 80 000 emplois après la fermeture d'une dizaine d'usines. Il a rappelé que la filière dégageait un chiffre d'affaires de 12 milliards de dinars au milieu des années 1990 et était même arrivée à exporter vers la Russie en 1996. Evoquant les pertes occasionnées à ce créneau très porteur, l'invité de la radio n'a pas mâché ses mots. Il évoquera, entre autres, la fermeture de bon nombre d'usines, la perte de la surface cultivée, qui induit une baisse systématique de la production, et les pertes d'emplois, ce qui a créé une mauvaise visibilité pour l'avenir et sur le marché. C'est ainsi qu'il a plaidé pour une protection tarifaire aux frontières pour permettre une relance de la filière. «Il faut faire en sorte qu'il n'y ait plus d'importation de concentré de tomate. Il faut lutter également contre les importations informelles d'un pays voisin. Ce dossier est pris en charge actuellement par l'Etat», a-t-il dit. A ses yeux, des mesures ont été prises pour faciliter aux agriculteurs l'accès aux engrais et aux semences dont les prix ont explosé sur le marché. Enfin, M. Ould El Hocine a suggéré de maintenir le cap et œuvrer pour ne pas descendre en-dessous de 20 000 hectares pour combler tous les déficits et d'arriver à réduire les importations du double et triple concentré de tomate qui font du mal à la filière. Dans le même sillage, il dira que l'objectif des pouvoirs publics est d'atteindre 30 000 hectares pour qu'il n'y ait plus d'importation de concentré de tomate. S. B.