Un véritable S.O.S est lancé au chef de l'Etat par les associations de malades chroniques, pour faire face à leur détresse. «Nous voulons que le président de la République charge une commission pour enquêter sur le secteur de la santé». Cet appel a été lancé par le président de «SOS, hépatites virales» et membre du réseau des associations des malades chroniques, Abdelhamid Bouallag. Joint hier par téléphone, ce dernier a estimé que c'est l'ultime recours pour mettre un terme à la situation pénible qui pèse sur les malades chroniques soufrant en silence, face à des responsables de la santé qui «font la sourde oreille» à leurs appels incessants. Selon lui, l'anarchie s'est emparée du secteur de la santé et met en péril la vie de plus de 8 millions de malades chroniques recensés en Algérie. «Nous demandons que cette commission d'enquête établisse un véritable état des lieux et dévoile ce qui se passe réellement sur le terrain» a-t-il argumenté. Et d'ajouter, «qu'elle se charge de revoir la situation du ministère de la Santé», pour signifier que cette enquête doit viser directement la tutelle. Les raisons, qui ont amené ce responsable à pousser ce cri de détresse, sont nombreuses. Parmi elles, l'anarchie touchant le marché des médicaments ces dernières années. L'inorganisation de ce secteur a provoqué des pénuries répétées au niveau des hôpitaux. Une situation qui résulte, selon M.Bouallag, de l'absence d'une bonne gestion, dont le responsable ne peut être autre que le ministère de la Santé. «La responsabilité incombe au ministère de la Santé» insiste notre interlocuteur expliquant qu'«il n'y a ni étude ni programme sérieux sur les prévisions concernant les médicaments au niveau des hôpitaux (...). La PCH se plaint de l'envoi en retard des commandes pour les hôpitaux et des non-paiements. Or, la PCH, n'est qu'un intermédiaire entre les opérateurs de pharmacie et les hôpitaux (...) c'est un cercle infernal». M.Bouallag a illustré ses propos en révélant qu'à l'heure actuelle, il existe une pénurie de médicaments destinés au traitement de l'hépatite dans les hôpitaux et cela à cause d'un dysfonctionnement flagrant dans la gestion du dossier des médicaments. «800 malades sont sur une liste d'attente pour recevoir leur traitement contre l'hépatite» a-t-il expliqué. Et il n'y a pas que cette tranche de la population des malades chroniques qui souffre de ce déficit. Les cancéreux ont eux aussi leur lot de misère. Ces derniers déplorent une dégradation inacceptable de leur prise en charge, en raison des pannes répétitives dans les soins de radiothérapie et des ruptures perpétuelles des produits anticancéreux vitaux. Ainsi, les malades se retrouvent souvent avec des rendez-vous trop éloignés, ce qui hypothèque fortement leurs chances de guérison. Et cette pénurie de médicament s'étend également à l'Institut Pasteur d'Algérie, selon M.Bouallag, qui explique que le manque flagrant de réactifs entrave sérieusement les examens médicaux et les analyses. Nous avons tenté de joindre le directeur de l'IPA afin qu'il donne sa version sur la question, mais en vain. Face à cette situation à tout le moins déplorable, les cris de détresse se sont multipliés, sans pour autant qu'il y ait eu amélioration pour ces malades, selon M.Bouallag. D'après ce dernier, entre les discours officiels qui brossent un tableau idéal de ce secteur et la réalité, il y a un fossé qui se creuse toujours un peu plus. «Le ministère de la Santé dépense de l'argent à décorer et rénover les hôpitaux et les centres de soins, mais en ce qui concerne la prise en charge et la qualité des soins, rien n'est fait», a-t-il dit. Et comme pour enfoncer le clou, la liste des médicaments non remboursés destinés au maladies chroniques, ne fait que s'allonger. Une aberration selon M.Bouallag, car «cette décision ne prend pas en compte ce qui se passe sur le terrain».