Quinze mille soldats afghans et des forces étrangères, américaines en tête, ont engagé une offensive majeure contre un bastion taliban dans le sud de l'Afghanistan. Il s'agit de la plus vaste opération depuis l'annonce par le président américain Obama en décembre d'un renfort de 30 000 soldats américains. Inverser le cours de la guerre au moment où l'insurrection des talibans se durcit semble être le but de l'opération. Annoncée depuis plusieurs semaines, l'opération baptisée «Mushtarak» a été lancée peu après minuit lorsque les hélicoptères ont commencé à déposer les marines et les soldats afghans à Marjah. C'est considéré comme l'offensive la plus massive des forces étrangères engagées en Afghanistan depuis le début de la guerre fin 2001 lorsque les talibans ont été chassés du pouvoir. Kaboul et l'OTAN ont présenté l'offensive comme la première phase d'une vaste opération visant à «restaurer l'autorité du gouvernement» dans la province du Helmand, l'un des principaux bastions talibans. La région est connue pour être une plaque tournante de l'opium. L'Afghanistan en est de loin le premier producteur mondial et les talibans en tireraient une part importante de leurs ressources. La population de Marjah est estimée à 125 000 habitants. Devant le risque, des milliers de civils ont fui la zone avant l'offensive. Le président afghan Hamid Karzai a mis en garde contre d'éventuelles pertes civiles. Il a exhorté les talibans à déposer les armes et à «réintégrer la vie civile». Des sources militaires estiment que 400 à 1 000 talibans sont retranchés dans le secteur visé. Leur porte-parole a promis une résistance acharnée. Cependant, selon les experts, les talibans auraient plutôt recours à leur tactique habituelle : harcèlement au moyen d'engins explosifs artisanaux et embuscades en tout genre. L'une de ces bombes a d'ailleurs tué hier trois soldats américains. Lors de précédentes offensives de l'OTAN dans le Helmand ou ailleurs, les talibans ont évité la résistance frontale. Les forces étant inégales, les talibans préfèrent se replier dans les zones montagneuses ou se fondre dans la population. L'offensive est considérée comme un test grandeur nature de la nouvelle stratégie conçue par l'administration Obama en Afghanistan. L'insurrection des talibans a considérablement redoublé en intensité ces deux dernières années. Les actions contre l'OTAN et le gouvernement en place se sont étendues à la quasi-totalité du pays. Les talibans multiplient les attaques audacieuses au cœur même des zones sécurisées de la capitale Kaboul. Depuis le début 2010, 69 soldats étrangers ont été tués. L'année 2009 a été de très loin la plus meurtrière depuis le début de la guerre voilà maintenant huit ans. Les populations civiles locales payent encore le plus lourd tribut. M. B.