Dans les officines, le citoyen est souvent confronté à l'impossibilité pour les pharmaciens de satisfaire sa demande en certains médicaments. «Ce produit manque.» Cette réponse, qui ne l'a pas entendue, et lorsqu'on sait qu'un traitement ne peut être efficace s'il n'est pas complet, on devine aisément l'inquiétude du malade. Lorsqu'il s'agit de cancers et de maladies chroniques, le manque de médicaments est perçu comme une catastrophe. Contredisant les assurances du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière qui tend à minimiser la situation en occultant les ruptures de stocks récurrentes, les pharmaciens ainsi que les associations des cancéreux ne cessent de se plaindre de l'indisponibilité des traitements. Leur panique est justifiée, le manque de produits médicamenteux indispensables aux patients pour leur rémission, qui se répète, signifie leur condamnation à mourir faute de soins. Pour ces associations, il ne sert à rien de rassurer des malades par des déclarations qui se soucient beaucoup plus de cacher des défaillances quand il est urgent de mettre les produits vitaux à la disposition de ces derniers. Le même constat est valable pour la radiothérapie qui fait défaut. Sur les 5 centres existant au niveau national, seuls celui du Centre Pierre et Marie Curie et celui de l'hôpital de Blida sont opérationnels. L'affluence est telle que ces deux centres sont surchargés, tandis que les 3 autres sont à l'arrêt. Le ministre de tutelle a annoncé récemment la prochaine création de 6 nouveaux centres destinés à cette même spécialité. Mais il est à craindre que ces projets soient confrontés au même sort que celui des centres anticancéreux qui attendent encore de voir le jour alors qu'ils ont été annoncés par le ministre de la Santé. Faut-il rappeler que la radiothérapie est importante dans le traitement des cancers, notamment pour la rémission des femmes atteintes du cancer du sein, et que son absence pourrait conduire à une rechute ? Il ne suffit pas de faire des déclarations sur des prétendues disponibilités de médicaments vitaux quand les patients sont confrontés sur le terrain à des situations de pénurie. C'est aussi le cas en ce qui concerne les maladies chroniques, les myopathies et la sclérose en plaques. Les vaccins pour nourrissons n'échappent pas, eux non plus, à la rareté, notamment contre l'hépatite B. Ces derniers sont pourtant obligatoires et sont compris dans le programme de vaccination des bébés. Cet état des lieux est plus accentué par les disparités qui touchent les localités de l'intérieur du pays, disparités dues à la mauvaise distribution. R. M.