De notre envoyé spécial à Tamanrasset Abderrahmane Semmar Les jours passent et ne se ressemblent pas à Tamanrasset. Le Festival international des arts de l'Ahaggar, dans sa première édition, continue à étonner, à ravir et à enchanter le public accueillant et chaleureux de cette ville de l'extrême sud du pays. Ainsi, après les folies nocturnes savourées sur la place du 1er Novembre lors des fabuleux concerts de la diva Oumou Sangaré, le prince Samba Touré, le poète targui Abdellah Mesbahi, et d'autres encore, le public de la ville couleur ocre a été convié à se déplacer mercredi dernier avec le festival jusqu'à Abalessa, à 80 km de Tamanrasset, où un campement a été dressé au beau milieu du désert à l'horizon infini. De majestueuses tentes ont été érigées pour abriter une exposition animée par différents exposants venus des quatre coins de notre Sahara. En effet, de Beni Abbès et de Tindouf, en passant par les nomades du désert de l'Ihrir jusqu'à nos voisins maliens et nigériens, le campement d'Abalessa a regroupé les représentants de toutes ces cultures sahariennes, lesquelles n'ont jamais cessé de nous fasciner et interpeller. Parfait miroir des cultures riches et millénaires de l'Ahaggar, cette mini-foire, tenue au cœur du désert, a drainé nombre de visiteurs, y compris des touristes européens de passage qui n'ont pas caché leur joie devant un tel spectacle de couleurs, d'émotions et de beauté. Il faut dire qu'à chaque pas accompli dans ce campement, on est ensorcelé par le chant vibrant des femmes targuies, les sons du tehardent et de l'imzad ainsi que par les rythmes souples des tambours tindi joués sous des tentes magnifiquement décorées. Le regard est également émerveillé devant les jeunes filles targuies portant leurs bijoux traditionnels et psalmodiant des chants ancestraux alors que les hommes, les côtes fichées sur un javelot qu'ils plantent à l'entrée de la tente, exécutent d'interminables danses mystiques ponctuées de profonds cris guerriers. A la tombée de la nuit, les visiteurs s'agglutinaient autour des tentes pour écouter les notes graves et aiguës de l'imzad, le refrain, les mots se drapant de sons, dans le silence divin et infini du désert. Franchissant un nouveau seuil de ravissement, le Festival international des arts de l'Ahaggar a transporté cette fois-ci son public aux sources mêmes de la culture saharienne. Loin de l'image simpliste de la carte postale, la foire d'Abalessa s'est efforcée de refléter toute la richesse des cultures qu'abrite le Grand Sahara. Pour ce faire, les organisateurs ont programmé durant trois jours la projection de plusieurs films documentaires, à l'image du distingué Tin Hinan d'Ali Lacheb, ou de Si Timiaouine m'était contée de Bouzid. Des ateliers d'écriture, de dessins, de cuir repoussé, de bronze et de classes du patrimoine ont également été mis en place au profit des jeunes de la région qui manquent cruellement de ce genre d'activités dans leur vie quotidienne. Ces jeunes ont grandement profité aussi des lectures de contes et de légendes programmées en soirée. D'autre part, des spectacles et des concerts ont été organisés chaque nuit et ce, jusqu'à la clôture du festival, prévue aujourd'hui. Dans ce cadre, le public a pu goûter aux délices de la prestation de plusieurs troupes folkloriques telles que le groupe El Maya de Beni Abbès, Tadjakent de Tindouf et le groupe originaire de la RASD «Zemour». Agrhib, Shtima, Badi Lalla, Ajla ont pour leur part honoré la culture targuie en assurant des spectacles de tindi, d'imzad et de flûtes qui ont fait vibrer tout le campement. Cependant, les conteurs Sabine Pakora, comédienne, et Moussa Koyité, chanteur griot, ont épaté le public d'Abalessa avec leurs contes, chants et danses africains. Les enfants se sont délectés des petits contes d'Afrique noire, l'Homme et le Caïman, Le Lion qui avait une mauvaise haleine, Rafara, le Petit Singe et le Crocodile, etc., chantés, qui plus est aux rythmes de Ngoni et de Djembé Tama Maracasse. Ce duo de conteurs a bercé enfants comme adultes en les conviant à un voyage initiatique dans l'imaginaire fantasmagorique de l'Afrique noire. Ce duo, burkinabé et ivoirien, est à coup sûr l'une des plus belles découvertes de ce festival…