Tombée de rideau ce samedi soir sur la première édition du Festival international des arts de l'Ahaggar à Tam. Contrairement aux trois soirées précédentes du campement d'Abalessa, celle de la clôture fut courte. Au menu, du déjà vu : un tindé de Tamanrasset avec le groupe Baddi Lalla, El Maya de Béni Abbès, et le grand tindé collectif de Zemour de la RASD (République arabe sahraoui démocratique). Toujours aussi passionné et jusqu'à l'ultime note musicale qui tombait d'un tindé mouillé, le public de plus en plus nombreux, continuait à s'a donner à cœur joie. Les femmes (très nombreuses aussi) qui ne montraient que leurs yeux à travers un chèche coloré, étaient beaucoup mieux sapées que les jeunes et autres bambins qui ne quittaient jamais leurs oripeaux. Ce festival qui a débuté le 15 février dernier à la maison de la culture de Tam, est une reprise très différente du festival de Tin hinan, qu'organisait quatre fois de suite l'association des amis de l'Ahaggar à sa tête, Samadat, décédé l'an dernier dans un accident de la circulation. Son poste de président donne lieu à de tiraillantes convoitises. Quelques responsables d'agences de voyages postulent d'ailleurs à sa succession. Mais jusque-là, rien n'est encore décidé. Au troisième jour de ce festival, invités et autres festivaliers avaient quitté Tam où se déroulait l'essentiel des activités, pour Abalessa, à 80 km de la capitale de l'Ahaggar. La place du 1er Novembre, mitoyenne à la maison de la culture, devenait sinistre qui après ce départ massif vers le campement poussiéreux d'Abalessa. Y'en a même ceux qui ont rouspété : " Abalessa c'est loin. Deux jours de spectacle ici, c'est pas suffisant. Pour une fois qu'on s'amuse ! clamait un étudiant. Et demain y'aura-t-il encore du spectacle? demandait une femme, à la veille du départ pour Abalessa. " C'est bien dommage. Je ne pourrais pas partir là-bas avec les enfants " regrettait-elle. Vidée de ces festivaliers, sur les murs des grandes artères de Tam, flottaient de grandes affiches du festival. La maison de la culture qui abritait tout au long de ce rendez-vous une expo sur " les architectures de terre, Ksour protégés d'Algérie ", était toujours barricadée. Personne n'allait voir l'expo, les barricades semblaient interdire le passage. " C'est pas interdit. On peut voir ? " demandait un groupe de lycéennes sur le chemin de l'école. " Ah oui, c'est vrai ! " ajoutaient-elles. Boudées aussi toutes les conférences universitaires sur l'art de l'Ahaggar. Il paraissait insolite de communiquer à une population pratiquement unilingue, les résultats d'une recherche scientifique sur les arts de l'Ahaggar. Du coup, ces conférences n'intéressaient personne hormis quelques spécialistes et une poignée de journalistes toujours pressés de faire leur compte-rendu. Un festival est censé être une fête qui interpelle toute la population de la région qui l'abrite. Sinon le rendez-vous serait une sorte de huis clos entre festivaliers. De ce côté-là, ça l'était à la maison de la culture que les gens évitaient intégralement, comme si c'était une forteresse administrative. A l'inverse et au campement d'Abalessa où s'était domicilié du mercredi au samedi ce festival, point de discours savant. Là, il y avait autre chose : du spectacle vivant avec une kyrielle de groupes locaux, étrangers, des expos, des projections de toutes sortes, (Kirikou, le roi lion) entre autres… qui ont ameuté de façon passionnée grands et petits des alentours. comme s'ils étaient en pèlerinage, les habitants des alentours marchaient des heures durant pour se " recueillir " devant un spectacle, un film, une femme qui joue du tindé sous une tente chargée d'ustensiles fabriqués avec tout ce que la contrée du désert peut donner pour maintenir la vie. Particulièrement généreux, fondamentalement tolérant, le public, outrageusement démuni avait une présence si vivante qu'on croirait que ce festival, c'est qui l'a fait ! De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Yasmine Ben