On ne peut pas lutter contre le terrorisme et exiger la libération de terroristes pour sauver un otage. La France a enfoncé le clou dans ses relations tendues avec Alger depuis l'affaire du diplomate algérien humilié par une justice mise au service de règlements de comptes entre services de renseignements français. La résurrection de l'affaire de Tibhirine s'inscrit dans cette bataille rangée entre clans de l'establishment français qui multiplie les maladresses. Les pressions françaises sur le gouvernement malien qui a fini par céder et libérer quatre dangereux terroristes recherchés par leurs pays d'origine respectifs, en l'occurrence, l'Algérie, la Mauritanie et le Burkina Faso, sont en totale contradiction avec les engagements internationaux de la France et avec les conventions internationales de lutte contre le terrorisme. Cet acte est d'une gravité extrême dans la mesure où il traduit l'idée que la France se fait de la sécurité et de la stabilité de la région sahélo-saharienne. Le ballet diplomatique entre Paris et Bamako a accouché d'un subterfuge savamment concocté puisque Paris a suggéré à Bamako la parade «juridique» pour libérer des terroristes dans l'espoir que cela ne sera pas considéré comme une entorse aux conventions bilatérales avec l'Algérie ni aux conventions internationales. Lesdits terroristes auraient donc purgé leur peine selon les arguments fallacieux des autorités maliennes. Cependant, le Mali feint d'oublier les accords le liant à l'Algérie en matière d'extradition. Le Mali a complètement ignoré la demande d'extradition des deux terroristes algériens, formulée en septembre 2009 et réitérée en janvier 2010. Bamako a préféré le jeu malsain de Paris au risque de voir toute la région s'embraser puisqu'il encourage clairement les groupes terroristes et tous les bandits de grands chemins écumant le Grand Sahara, à prendre des otages pour exiger des rançons que l'Occident paye et à libérer leurs acolytes puisque ce précédent ouvre la voie à toutes les dérives des Etats. Paris et Bamako sont responsables des développements qui vont découler de leurs agissements, lesquels compromettent sérieusement la stabilité et la paix dans la région sahélo-saharienne. Si la France agit par égoïsme et ne pense qu'à son intérêt propre, c'est le comportement du Mali qui est surprenant. Pourtant, l'Algérie n'a épargné aucun effort pour aider ce pays voisin à instaurer la paix dans ses provinces du Nord à travers l'accord d'Alger entre Bamako et la rébellion targuie et à travers le soutien actif dans la lutte antiterroriste. A. G.