Trois ONG, le MRAP, le CRAN et le collectif «Droit de mémoire», se sont associés avec l'Espace franco-algérien pour soutenir une plainte contre le parti d'extrême droite français, le Front national (FN), à la suite d'un affiche jugée discriminatoire et incitant à la haine raciale contre la communauté musulmane, en particulier algérienne, vivant en France. L'affiche incriminée a été conçue par la branche jeunesse du parti d'extrême droite (JFN) pour les besoins de la campagne des élections régionales de mars prochain et a été placardée dans différentes villes de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA), rapporte l'APS. S'inspirant d'une autre affiche utilisée en Suisse lors du référendum anti-minarets, elle montre une femme voilée et une carte de la France frappée aux couleurs nationales algériennes, d'où sortent des minarets en forme de missiles. L'affiche en question, précise la même source, porte, entre autres, le slogan : «Non à l'islamisme». Le président de l'Espace franco-algérien, Akli Melouli, n'a pas tardé à réagir à ce qui s'apparente à une «campagne calomnieuse aux relents politiciens et électoraux». Il a chargé un avocat, Me Khaled Lasber, de déposer une plainte en référé auprès du tribunal de Nanterre pour exiger le retrait de cette affiche, l'interdiction de la coller et la condamnation de ses auteurs et tous ceux qui contribuent à sa diffusion. Le référé a été introduit jeudi dernier, a fait savoir Akli Melouli dans une déclaration à l'APS : «Nous sommes en train de nous organiser pour déposer plainte contre le FN pour stigmatisation, diffamation, amalgame douteux et incitation à la haine raciale». Tout en soulignant la justesse de son action, ce dernier dira sa fierté d'avoir des origines algériennes et d'être «légitimement attaché» au pays de ses parents. «Je ne peux pas supporter ce genre d'amalgames insultants pour une nation qui a payé le prix fort pour son indépendance et sa liberté (…) Cette affiche fait l'amalgame entre l'islamisme, l'Algérie et les minarets. C'est une stigmatisation supplémentaire qui renforce les idées véhiculées par la loi scélérate du 23 février 2005 et du débat sur l'identité nationale au cours duquel on a vu que ce sont les immigrés et leurs enfants qui sont visés», a-t-il ajouté à la même source. Pour sa part, le MRAP a estimé, dans un communiqué diffusé samedi, que, «jouant sur l'amalgame entretenu et attisé entre islamisme et islam, cet ensemble ne peut que contribuer à une incitation à la haine contre les populations immigrées musulmanes vivant en France. Son message n'est que le dernier avatar du vieux couplet de l'extrême droite et qui n'a pas manqué de contaminer la parole et le débat public en présentant l'immigration ou la présence d'immigrés comme une prétendue invasion et donc un danger». Cette nouvelle polémique, soulevée par la formation politique de Jean-Marie le Pen qui fait du racisme anti-arabe et anti-musulman son cheval de bataille, intervient au moment d'une action symbolique que compte initier le collectif baptisé «24 heures sans nous» demain en France pour protester précisément contre toutes les formes de discrimination et de racisme à l'encontre de la communauté étrangère, en particulier arabe et musulmane. Intitulée une «journée sans immigrés», l'initiative a aussi pour but de démontrer le poids économique de ces derniers dans la société qui devrait aussi être suivie le même jour dans d'autres pays européens. «Pour la première fois en France, nous décidons de ne pas participer à la vie de la cité. Par cette absence, nous voulons marquer la nécessité de notre présence», clame le collectif, qui se présente comme un «mouvement citoyen», sur son site Internet. M. C.