Il est des succès qui peuvent s'avérer inutiles, voire pénalisants alors qu'ils sont censés ouvrir davantage de portes pour d'autres succès et la promotion. C'est ce qui pourrait résumer la situation à laquelle est confrontée la Fédération algérienne de power lifting et de body-building. Celle-ci a, en effet, réalisé des performances en peu de temps (3 ans) à mesure qu'elle voyait les subventions qui lui étaient octroyées par le ministère de tutelle s'amenuiser. Ce que n'arrive toujours pas à comprendre son vice-président, Messaour Moussa, qui nous a reçu au siège de la fédération, sise au complexe Mohamed Boudiaf. Et de vouloir argumenter en citant les réalisations à l'actif de cette jeune fédération : En 2007, la sélection masculine avait pris part aux championnats arabes de body-building en Libye et a été classée en seconde position après le pays organisateur. Durant la même année, elle obtint le même classement lors des Championnats d'Afrique qui se sont déroulés en Algérie (Batna), derrière l'Egypte, qui, pour la première fois de son histoire, est repartie avec deux médailles en moins. De bons résultats avec peu de moyens Alors que la sélection égyptienne était habituée à rafler des médailles en or dans les 9 catégories de poids. En novembre 2009, l'équipe masculine de power lifting représentant l'Algérie s'est classée 10e aux Championnats du monde alors qu'elle était seule à représenter en même temps le monde arabe et le continent africain. L'équipe algérienne, qui avait participé avec quatre athlètes, a décroché 3 médailles, (1 en or, 1 en argent et 1 en bronze). Cela, fait remarquer le vice-président de la fédération, au moment où les autres pays y avaient pris part avec 7 athlètes et plus. Si les autres pays arabes n'y étaient pas représentés, explique M. Messaour, c'est parce que la plupart d'entre eux évitent de se soumettre au contrôle anti-dopage, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie. En juin 2009, l'Algérie avait participé aux Championnats d'Afrique qui se sont déroulés en Afrique du Sud avec 6 athlètes et a réussi à décrocher autant de médailles en or. Durant la même année, la même sélection avait pris part aux Championnats du monde à New-Delhi avec 4 athlètes et est revenue avec 3 médailles (1 or, 1 argent et 1 bronze) et a été classée 10e par pays. Ce résultat, se réjouit M. Messaour, est très satisfaisant, eu égard au «poids» des équipes adverses. Des équipes comme celles de l'Ukraine, de la Russie de l'Angleterre sont connues pour leurs performances supérieures et leur niveau mondial. La sélection féminine de power lifting est formée depuis 2 ans et devra assurer sa première participation aux Championnats d'Afrique qui auront lieu, pour la première fois, en juin 2010 et pour lesquels 10 pays ont déjà confirmé leur participation. «L'objectif premier de cette sélection est de briller lors de cette compétition continentale pour ensuite s'imposer au niveau international», explique notre interlocuteur. En contrepartie de toutes ces performances réalisées, déplore ce dernier, la fédération en question a été destinataire en 2006 de 8 millions de DA, puis de 6 millions de DA en 2007 et autant l'année suivante. Mais c'est durant l'année écoulée qu'elle a eu la surprise de recevoir seulement 3 millions de DA, la plus faible subvention de sa courte histoire. Elle correspond aussi au montant des dettes cumulées auprès de l'agence de voyages avec laquelle la fédération a sous-traité pour les besoins de la billetterie (pour leur dernier déplacement à l'étranger) et que cette dernière exige de voir remboursées sous menace de poursuites judiciaires. Face à cette situation contradictoire, les responsables de la fédération ont interpellé le premier responsable de tutelle, le ministre en l'occurrence, auprès duquel ils ont sollicité une audience en vue de lui exposer leurs doléances. «Les services du cabinet du ministre nous ont écrit en nous demandant de préparer notre dossier dans la perspective de cette rencontre qui n'a toujours pas eu lieu alors que notre courrier remonte à plusieurs semaines.» C'est l'une des fédérations les plus méprisées par la tutelle ! «C'est l'une des fédérations les plus méprisées par la tutelle !» se plaint son vice-président qui estime à 2 milliards de centimes/an le budget réellement nécessaire aux activités contenues dans son plan d'action. M. Messaour dit ne pas comprendre que des clubs qui n'ont même pas de championnats régionaux puissent bénéficier de 6 millions de DA alors que sa fédération est en train de préparer un Championnat d'Afrique avec tout ce que cela suppose comme moyens logistiques. «A ce moment-là, on aurait dû me donner l'accord pour cela. La procédure veut que pour des manifestations internationales, les autorités compétentes consacrent un budget spécifique. N'est-ce pas de la hogra ?» Et de revenir sur le développement de ces deux disciplines, avant qu'elles ne bénéficient de leur propre fédération. Depuis 1991, le power lifting et le body-building étaient affiliés à la Fédération algérienne d'haltérophilie et le premier Championnat national était organisé en 1995. Etant donné l'engouement des jeunes pour ces sports et leur importance, le ministère de tutelle a approuvé la naissance de la fédération en 2006. «Cette indépendance nous est très bénéfique étant donné que nous sommes reconnus par l'Etat en tant que fédération à part et que cela nous permet de bénéficier des subventions nécessaires !» Cette dernière est, depuis, affiliée à la Fédération internationale de power lifting qui compte 105 fédérations nationales représentant les cinq continents, lesquelles fédérations sont reconnues par le Comité international olympique. Depuis cette nouvelle organisation, ajoute notre interlocuteur, 15 ligues spécialisées ont vu le jour et 10 autres sont en cours de l'être. Il existe 343 clubs de body -building et plus de 400 salles de power lifting. Les deux disciplines ne comptent pas moins de 7 723 athlètes, ce qui place cette fédération parmi les 5 premières en termes d'encadrement. Il existerait, en outre, environ 80 000 salles de power lifting et de body-building à travers le territoire national. «Notre objectif est d'arriver à soumettre les athlètes au contrôle systématique antidopage aussi bien dans les clubs que dans les ligues. Lors du prochain Championnat d'Afrique qui se déroulera en Algérie, tous les athlètes seront obligatoirement contrôlés, nous y veillerons articulièrement !» explique notre interlocuteur avant de rappeler que, pour l'heure, le contrôle antidopage des athlètes algériens se fait en Tunisie et revient cher à l'Etat (200 euros par athlète). D'où, note-t-il, l'intérêt pour l'Algérie de se doter d'une structure à cet effet et l'aboutissement du projet en cours de réalisation. Notre interlocuteur se targue de que la fédération qu'il dirige aux côtés de son président ait formé jusqu'à présent plus de 700 entraîneurs recyclés et organisé 2 à 3 stages de mise à jour par an. «En sport, les choses évoluent en permanence. Dans ces disciplines précises, il s'agit de se mettre à jour des nouveautés en termes de diététique, de système d'entraînement… Aussi, nous faisons appel à des champions du monde et à des séminaristes pour le faire. En juillet 2009, nous avons sollicité l'expertise d'un grand professionnel allemand. Nous estimons que la formation doit être au cœur de notre stratégie car c'est la clé de toutes les réussites !» conclura-t-il. M. C.