Le journaliste algérien va de mal en pis. Sa situation professionnelle ne cesse d'ailleurs de se dégrader. Salaire dérisoire, droits sociaux bafoués, ils sont nombreux les journalistes algériens à vivre une véritable précarité. Dans ce contexte, la Fédération nationale des journalistes algériens (FNJA) monte au créneau et réclame plus que jamais la réhabilitation du journaliste dans ses droits fondamentaux, les seuls à mêmes de lui garantir la dignité. Pour ce faire, la FNJA multiplie les séances de travail afin de préparer les négociations des conventions collectives. Ces conventions représentent aux yeux de la FNJA la seule alternative qui permettra aux journalistes de travailler dans de bonnes conditions et de percevoir des salaires nettement meilleurs, soulignent à l'unanimité les membres du secrétariat national et les membres du comité exécutif de la FNJA réunis hier à la maison de la presse Tahar Djaout. Ainsi, l'objectif premier de ces négociations, confie Abdenour Boukhemkhem, secrétaire général de la FNJA, est de doter la profession d'une convention collective nationale pour défendre les droits des journalistes et imposer de réelles revalorisations salariales dans les secteurs privé et public. «Nous nous attelons à ce qu'il y ait un document unique et unifié sur lequel doit se baser la grille des salaires dans les secteurs public et privé. C'est sur la base de ce document que nous allons faire pression sur les patrons et les pouvoirs publics pour arracher une meilleure grille de salaire et un véritable plan de carrière», a expliqué encore le SG du FNJA qui dit ne pas comprendre pourquoi dans certains journaux «une femme de ménage est mieux payée qu'un journaliste !». Quelquefois, même les augmentations décidées s'avèrent ridicules au regard de leur montant dérisoire. «Prochainement, d'ici le 1er mai, dans le secteur public, les journalistes percevront une augmentation de 10%. Celle-ci ne touchera pas le salaire de base du journaliste, mais s'ajoutera seulement aux primes, telle la prime de transport. Dès lors, à l'ENTV, les journalistes qui perçoivent 1 500 DA de prime de transport, n'auront plus que 150 DA. C'est absurde !», dénonce Abdenour Boukhemkhem qui épingle les responsables des journaux publics pour leurs violations des droits des journalistes. «Les journaux publics sont censés donner l'exemple. En fait, au sein de ces titres, l'on ne compte plus les journalistes non assurés et non déclarés. Et lorsque ces confrères se plaignent de leur situation, ils sont licenciés. C'est intolérable que cela arrive dans des journaux comme El Moudjahid, fondé en 1956, et Echaab créé en 1963», affirme-t-il. Pour mettre fin à ce calvaire, la FNJA compte mettre en place des groupes de travail qui plancheront sur les questions des salaires, des primes, des conditions de travail ainsi que le problème d'hébergement des journalistes. Des propositions devront donc être soigneusement préparées pour les transmettre au plus haut niveau. Des rapports détaillés sur le fonctionnement de toutes les entreprises médias seront également laborés pour dénoncer toutes les injustices dont sont victimes les journalistes algériens. Sur un autre chapitre, la FNJA a tiré la sonnette d'alarme sur la détresse des journalistes «cachetiers». Ces journalistes qui travaillent au cachet sans aucun contrat en bonne et due forme sont au nombre de 600, selon des sources syndicales, à la télévision et entre 200 et 300 à la radio. Payés à peine le SNMG, ils sont néanmoins «exploités» à longueur de journée dans leurs rédactions. Depuis plusieurs années, ces journalistes demandent leur régularisation. Mais ce vœu est resté lettre morte devant l'aveuglement et l'indifférence des responsables de la radio et la télévision. A la lumière de ces injustices, il est plus qu'urgent, insistent les animateurs de la FNJA d'élaborer une nouvelle convention collective dans le secteur de l'information d'autant que la dernière, qui remonte à 1997, n'existe que dans le secteur public. Dans ce sens, les journalistes algériens sont priés de s'inspirer de la convention collective qui régit la presse marocaine. Cette convention assure une protection sociale aux journalistes marocains et leur permet de percevoir des salaires qui ne peuvent pas être inférieurs à 90 000 dinars. A. S.