La commune de Ouaguenoun, située à près de vingt kilomètres du chef-lieu de Tizi Ouzou, si elle n'est pas parmi les communes les plus pauvres de la wilaya ne figure pas non plus sur la liste des plus aisées. Vu les potentialités économiques qu'elle recèle, il est tout à fait naturel que sa population et ses élus locaux aspirent à un développement qui en fera à long terme un pole économique d'envergure. De nombreux paramètres suggèrent cette prédisposition de la commune de Ouaguenoun à se transformer en grand centre urbain, notamment sa proximité avec le chef-lieu de wilaya, l'abondance de terrains d'assiette vierges ainsi qu'une situation géographique qui ne présente pas d'aspect montagneux difficile d'accès. Le pôle universitaire de Tamda, un village de cette commune, sera un autre atout qui parlera en faveur d'un développement futur qui bénéficiera à la population locale mais aussi à celle de toute la wilaya. Mais ces projections doivent se faire plusieurs années, voire des décennies, à l'avance pour que le mouvement de développement évolue de façon cohérente, loin de l'anarchie qui a caractérisé, par exemple, l'extension du chef-lieu de wilaya. Les pouvoirs publics sont supposés être aguerris par l'expérience désastreuse de la commune de Tizi Ouzou pour ne pas refaire les mêmes erreurs dans d'autres communes de la wilaya comme celle de Ouaguenoun. Aujourd'hui, il est difficile de croire que les responsables de l'Etat suivent le meilleur chemin pour réussir cette colossale entreprise. Il n'y a qu'à voir le grand projet d'aménagement lancé il y a quelque temps dans cette localité voisine de Tizi Ouzou pour se rendre compte que, malgré les sommes faramineuses étalées en grosses manchettes, les pouvoirs publics semblent poursuivre, du moins dans certains cas, leur politique de bricolage qui n'est pas de bon augure pour l'avenir. Le meilleur exemple est le système tri-couche avec lequel se fait encore l'aménagement des routes d'Algérie.A Ouaguenoun, il y a au moins trois routes réalisées en tri-couche, alors que ce procédé est considéré comme désuet, du fait surtout que la route réalisée de cette façon ne tient pas longtemps et se retrouve notamment cabossée et avec des nids-de-poule au bout d'un court laps de temps. Il s'agit notamment de la route menant du village Agouni Bougdal à celui de Djebla sur environ trois kilomètres, et celle qui relie le village Agouni Uzaraz à la limite territoriale avec la commune voisine de Timizart sur trois kilomètres également. La route de Tiaouinine menant vers le chemin intercommunal a été réalisée avec le même procédé. «Cela ne tient pas. C'est un travail qui ne doit plus se faire. C'est jeter de l'argent par la fenêtre», a déclaré un ingénieur originaire de la commune qui dit ne pas comprendre pourquoi les responsables de l'Etat continuent à faire confiance à ce travail alors que c'est prouvé qu'il est de mauvaise qualité. De son côté, le premier vice-président de l'Assemblée populaire communale de Ouaguenoun fait part des malformations et des travaux de mauvaise qualité relevés régulièrement par la population dans le projet, en cours de réalisation, d'aménagement du chef-lieu communal, Tikobaïn. D'ailleurs, sur place, les quelques ouvriers disséminés ça et là au centre du village montrent à quel point la cadence des travaux reste loin des normes requises. A croire que l'entreprise de réalisation n'est pas tenue de respecter un cahier des charges pour ce projet. Mais la palme de l'aberration revient sans doute au projet de raccordement du chef-lieu communal au gaz de ville. En cours de réalisation, ce projet risque d'exclure toute une cité de la ville à cause d'un incident qui aurait pu être réglé très vite. Des ouvriers ont endommagé accidentellement la conduite de gaz alimentant la ville sur le tronçon limitrophe de la cité Tanajelt comptant au moins une cinquantaine de familles. L'entreprise engagée plus tard pour les branchements a refusé de lancer les travaux avant la réparation de la conduite principale. C'est que les responsables de cette entreprise ont exprimé leur peur d'être tenus pour responsables de l'incident, alors qu'ils ne sont nullement concernés. Il est, enfin, clair que beaucoup d'autres facteurs doivent être pris en compte dans la perspective de développement de cette commune qui présente tous les atouts pour devenir un jour un grand pôle urbain. Reste à savoir si les pouvoirs publics disposent de la volonté nécessaire et de la compétence requise pour réussir un tel scénario. M. B. Le conseil consultatif souffre des négligences de l'administration Quand l'actuel maire de Ouaguenoun, Ali Belkhir, avait axé sa campagne électorale pour les partielles de novembre 2005 sur la constitution d'un conseil consultatif représentatif de la population de sa commune, beaucoup de personnes, particulièrement ses adversaires politiques, avaient pris cela comme une promesse électorale. Au lendemain du scrutin et de sa victoire, l'équipe issue de la liste du FFS dirigée par Ali Belkhir contredira toutes ces suspicions en lançant les consultations avec la population locale qui ont abouti à la mise en place du conseil consultatif composé de représentants des comités de village, des universitaires et des jeunes de la commune. En plus du règlement de certains problèmes des citoyens et du choix des projets prioritaires au profit des villageois, le conseil consultatif a profité de la présence d'universitaires en son sein pour faire des projections. C'est ainsi qu'un travail sera fait à court, moyen et long terme à travers ce conseil consultatif qui se permettra même le luxe de faire des projections à travers la production d'un document considéré «comme une feuille de route comprenant les grandes lignes pour un développement effectif de la localité». C'est ce qu'a déclaré le vice-président de l'APC qui regrette que le conseil consultatif de sa commune ait cessé de fonctionner comme au début à cause principalement de la non-prise en compte par les pouvoirs publics du document en question. «Un document qui pourrait aboutir à un boom économique au niveau de la commune», a dit notre interlocuteur qui n'omettra pas de souligner que ce document demeurera utile dans l'avenir quelle que soit la couleur politique de l'équipe qui sera à la tête de l'APC. Cette structure unique en son genre en Algérie arrive malgré tout à servir de courroie de transmission entre la mairie et la population même si son rôle initial était plus important.