Cinq attentats à la voitures piégée ont dévasté hier Baghdad, tuant au moins 127 personnes et en blessant 448, dans une opération portant la marque d'Al Qaîda. Ils sont survenus le jour où la présidence fixait au 6 mars la date des élections législatives, cruciales pour l'avenir de l'Irak, et qui seront les deuxièmes depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. Cinq véhicules, dont quatre conduits par des kamikazes, ont explosé presque simultanément vers 10h25 locales (07h25 GMT) dans des quartiers de Baghdad, détruisant trois bureaux gouvernementaux, ravageant un tunnel routier et frappant une patrouille de police, selon des sources de sécurité. «Au moins 127 personnes ont été tuées et 448 blessées», a indiqué une source au ministère de l'Intérieur. Parmi les cibles figure le siège provisoire du ministère des Finances qui avait déménagé à Chorja (centre), après l'attentat du 19 août qui avait ravagé l'ancien bâtiment. «Un kamikaze a pénétré avec un minibus rempli de plastic et de nitrate d'ammonium sur le parking mitoyen avec le ministère et s'est fait exploser. De nombreux employés qui avaient échappé au premier attentat ont péri», a affirmé un policier sur place. Dans le quartier de Mansour, un Van GMC conduit par un kamikaze a foncé contre le Palais de justice, alors qu'un kamikaze a fait exploser un bus au-dessus d'un tunnel routier menant au ministère du Travail, rue de Palestine. On ignore si l'explosion contre l'antenne du ministère de l'Intérieur dans le quartier Al Nahda était un attentat suicide. Dans le quartier de Dora, un kamikaze a fait exploser sa voiture contre une patrouille de la police devant l'Institut de Technologie, tuant trois policiers et 12 étudiants. 23 étudiants ont été blessés, selon la source sécuritaire. «Ce sont les mêmes mains noires derrière les attaques d'août et d'octobre qui ont commis les attentats d'aujourd'hui. Ceux-ci portent la marque d'Al Qaîda alliée au parti Baas» dissous, a dit le porte-parole du commandement militaire de Baghdad, le général Qassem Atta. Après les attaques, des voitures de police ont sillonné les rues, qui se sont vidées, appelant leurs collègues à faire preuve d'une vigilance extrême. Toutes les rues menant aux bâtiment officiels ont été fermées. «Le kamikaze est arrivé à vive allure (avec son véhicule) en direction du Palais de justice. Les forces de sécurité ont tiré sur lui mais n'ont pas pu l'empêcher de faire exploser sa voiture», a affirmé un policier. «Je sortais du tribunal et me rendais vers ma voiture lorsque j'ai vu un minibus se ruer vers l'entrée. Les policiers ont ouvert le feu puis il y a eu une explosion. J'ai été blessé par les éclats des vitres puis transporté à l'hôpital», a raconté un employé du tribunal de 52 ans. La planification des attentats ressemble à celle des attaques du 19 août et du 25 octobre contre des symboles du pouvoir à Baghdad qui avaient fait au total plus de 250 morts et été attribués à Al Qaîda et à des affidés de l'ex-régime. Si les violences en Irak sont clairement à la baisse, les insurgés parviennent toujours à organiser des attaques particulièrement sanglantes. Entre-temps, le Conseil présidentiel a décidé «d'organiser les législatives le 6 mars», a affirmé un responsable de la commission électorale, Qassem al-Abboudi. Un décret en ce sens doit être publié. Le commandant des troupes américaines en Irak, Ray Odierno, avait prévu un regain des attaques avant le scrutin et souligné qu'il pourrait demander à Washington de retarder le retrait progressif des troupes si la situation le nécessitait. Les troupes de combat doivent avoir quitté l'Irak d'ici août 2010, un prélude au désengagement total fin 2011. Quelque 115.000 soldats américains sont actuellement déployés en Irak.