«Il y a beaucoup à dire, surtout des choses qui me peinent, sur l'Algérie d'aujourd'hui, mais ce qui me tient le plus à cœur, c'est de demander à tous les Algériens de ne pas oublier. S'il y a des jeunes qui se jettent à la mer, c'est parce qu'ils ne connaissent pas l'histoire de leur pays. S'ils savaient comment ont combattu leurs aînés contre l'oppression coloniale, si on ne les maintenait pas dans l'ignorance de leur propre histoire, ils ne réagiraient pas avec autant de désespoir. Larbi Ben M'hidi était un grand homme, un révolutionnaire, un visionnaire, et pour marquer la date anniversaire de sa mort, il n'y a eu qu'une célébration locale et une petite phrase passée inaperçue dans un flash d'information.» Ce sont là les mots de Drifa Ben M'hidi, sœur du martyr, qui s'est exprimée hier dans un point de presse organisé pour lui rendre un hommage à la hauteur de son parcours héroïque. Une rencontre pleine d'émotions, ponctuée d'anecdotes et de témoignages censés rendre à ce combattant l'hommage qui lui est due. Une prise de parole qu'elle partagera avec son mari, Abdelkrim Hassani, qui affirme avoir été lui-même un compagnon et un disciple de Ben M'hidi. Questions sur l'écriture de l'histoire, anecdotes sur la naissance de l'élan révolutionnaire de Ben M'hidi, circonstances de sa mort, autant de points abordés par le couple. Le but clairement affirmé de cette rencontre étant de lancer un appel contre l'oubli et la mort de l'histoire. «Nous avons besoin de faire revivre l'histoire, autant que nous avons besoin que la France reconnaisse ses crimes», explique avec verve Drifa Ben M'hidi. «Notre guerre a été une guerre éminemment complexe et nous avons besoin des témoignages de tous ceux qui ont vécu cette guerre.» Retour sur le parcours de ce guerrier. Cadet d'une famille de trois filles et de deux garçons, Larbi Ben M'hidi est originaire d'Oum El Bouaghi. Il entre à l'école primaire française de son village natal avant de rejoindre Batna pour obtenir son certificat d'études primaires, puis entreprend des études secondaires à Biskra. En 1939, il s'engage dans les rangs des Scouts musulmans. Après quoi, il entame un combat sans relâche pour l'indépendance du pays auprès des autres grands noms de la révolution algérienne, Didouche Mourad, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem, Mustapha Benboulaïd, pour ne citer que ceux-là. Il est mort le 4 mars 1957 après avoir été capturé le 23 février par les parachutistes. F. B.