De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali C'est par une incursion dans l'histoire d'Oran et un hommage appuyé aux femmes qui ont laissé des traces que l'association Femmes algériennes revendiquant leurs droits (FARD) a choisi de lancer la semaine de commémoration de la Journée de la femme. Non pas dans le cadre généralement morne d'une conférence académique mais à travers une agréable balade : «Nous avons constaté à l'occasion de la commémoration des journées de lutte contre le sida et le cancer du sein, souligne Fatma Boufenik, présidente de FARD, que les randonnées étaient mieux appréhendées par les gens et avaient plus d'impact. C'est pour cela que nous avons choisi la balade pour entamer la commémorer de la Journée de la femme.» De la place du 1er Novembre (ex-place d'Armes où fut érigé l'obélisque de la victoire ailée, monument représentant une femme tenant un rameau et une couronne) à la promenade de Létang en passant par les venelles chargées d'histoire du vieux Sidi El Houari, les participants à la randonnée ont eu un aperçu du parcours de différentes femmes qui ont marqué l'histoire de la ville : «C'est ici que vécut l'exceptionnelle Badra, la femme du dernier bey d'Oran, le bey Hassane», a notamment expliqué Kouider Metair, président de l'association Bel-Horizon, au cours d'une halte, en désignant le long balcon du palais du Bey, témoin de la présence ottomane avant le débarquement français en 1830. Femme de poigne autant que de cœur, Badra «montait à cheval, arborait son pistolet de cavalerie et s'ingéniait à limiter les excès de son belliqueux mari en intercédant en faveur des plus démunis», souligne le guide à la cinquantaine de curieux et passionnés d'histoire qui ont pris part à la randonnée. Randonnée au cours de laquelle on évoqua le destin peu commun de Caida H'lima, de son vrai nom Ziani Benyoucef, qui consacra son temps à gérer des biens et des propriétés familiales et à mener des activités caritatives à une époque (première moitié du XXe siècle) où ce genre d'activités étaient du ressort exclusif de l'homme : «C'est une femme de fer qui a marqué son temps et que l'on peut voir sur des photographies posant aux côtés de notabilités et d'officiels français. Cette femme forçait le respect», a encore déclaré Metair. Aux côtés de Badra et de Caida H'lima, les animateurs de la balade ont également évoqué le destin de Aziza, femme du prince almoravide Tachefin qui, en fuyant les Almohades, chuta dans un précipice de la montagne du Murdjadjo (aujourd'hui encore, le précipice est connu sous le nom du Saut du cheval), celui de Juana la Loca (Jeanne la folle) -qui fut successivement reine de Castille et reine d'Aragon- dont le nom a été donné aux bains de la Reine (hammam Dadayoub), de l'écrivaine Angèle Maraval Berthoin -comme le quartier Maraval- qui a écrit Sultane de jour et de nuit et la Légende de Lalla Maghhnia… mais aussi des martyres Saidia dit Nassera, Zoubida Soufi, les sœurs Benslimane.