à la sortie de la ville de Kherrata en prenant l'ancienne route, on débouche sur les gorges ravinées de Chabet l'Akhera, site pittoresque et hautement chargé d'histoire. Un canyon impressionnant faisant le lit agité du cours impétueux de l'oued Agrioune. Dans les années 1970, l'endroit exerçait un attrait particulier sur les touristes et étrangers de passage. Une sympathique peuplade de singes magots et les sources d'eau fraîche et cristalline, jaillissant en cascade des parois rocheuses, ajoutent au lieu un charme particulier. C'est une espèce d'escale obligée pour tous les automobilistes qui empruntent ce chemin escarpé. Chabet l'Akhera, c'est aussi l'empreinte sanglante de la Légion étrangère gravée sur la roche grisâtre, le souvenir du docteur Hanouz et des martyrs du 8 Mai 1945. La route, jalonnée de minuscules tunnels et de petits ponts en maçonnerie, a également sa petite histoire. En 1852, lors de l'ouverture de ce passage étroit pour relier les villes de Sétif et de Béjaïa, les autorités coloniales y rencontrèrent une farouche résistance. C'est seulement en 1865, au prix de plusieurs opérations de déportation des populations locales, que l'ouvrage fut réalisé. C'est dire qu'en plus de son exceptionnelle beauté naturelle, le site constitue un haut lieu de mémoire et d'histoire qu'on doit préserver et valoriser. Rien de tout cela. Complètement délaissé, le site s'est transformé au fil des ans en décharge publique sauvage. En plus des déchets laissés sur place par les pique-niqueurs, les services d'hygiène de la commune de Kherrata avaient, durant un certain temps, utilisé ce coin comme dépotoir suite à la fermeture de la décharge communale par les riverains. Des tonnes d'ordures ménagères ont ainsi été déversées sur ce merveilleux site. Le cas des Gorges de Chabet l'Akhera n'est pas unique, puisque d'autres «merveilles» de cette même région comme les cascades de Kefrida et les cours d'eau fort nombreux dans le «coin» ont également été souillés par les décharges sauvages et les rejets d'eaux usées.